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Nous essayons tous de fuir le moment présent

Fuir le moment présent par tous les moyensLa plupart du temps, nous essayons de fuir le moment présent.

En fait, on pourrait dire que c’est la principale occupation de l’animal humain.

À quoi essayons-nous d’échapper ? Que cherchons-nous à fuir ?

Nous cherchons à fuir l’instant présent et ce qui s’y déroule.

La plupart des gens rejetteront catégoriquement cette idée, mais je sais que c’est vrai dans mon cas. Et c’est vrai pour tant de personnes avec lesquelles j’ai travaillé et que j’ai connues.

Au cours de nos journées, nous :

  • nous surchargeons de tâches inutiles, envoyons des messages, des courriels et nous focalisons sur beaucoup de petites tâches.
  • reportons les tâches plus importantes et évitons les choses effrayantes.
  • parcourons les médias sociaux, les nouvelles, nos sites Web de distraction préférés.
  • regardons des vidéos sur YouTube, Netflix, etc..
  • jouons à des jeux.
  • consommons des aliments-réconfort (souvent en regardant un écran).
  • prenons une drogue de choix : alcool, nicotine, cannabis, caféine, opioïdes, etc..
  • écoutons de la musique en faisant autre chose (comme faire du sport, marcher, conduire, se doucher).

Je ne porte aucun jugement sur ces pratiques, elles ne sont pas nécessairement mauvaises et je les pratique également.

Mais vous remarquerez peut-être qu’elles ont un point commun : elles nous éloignent toutes de ce qui se passe dans l’instant présent. C’est leur but premier.

Nous le faisons aussi d’autres façons : en nous plaignant, en versant dans des commérages, en nous excusant à outrance, en faisant tout pour plaire aux gens, en nous vantant, en nous pavanant, en nous inquiétant, en pensant beaucoup trop, en dramatisant les situations, en nous faisant passer pour la victime, en ruminant ce qui s’est passé ou ce que nous aurions dû dire.

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Voici autant de façons que nous avons de fuir le moment présent.

Le coût et l’opportunité

Et alors ? Y a-t-il quelque chose de mal à cela ? Bien sûr que non ! Comme je l’ai dit, c’est éminemment humain.

Cependant, lorsque nous essayons de fuir le moment présent, nous nous limitons nous-mêmes.

Fuir nous limite en ce sens que nous nuisons ainsi à notre capacité à rester dans l’inconfort du moment présent, car nous ne savons pas comment faire quelque chose, ou quel sera le résultat.

Fuir nous limite en ce sens que nous évitons les difficultés ou les projets effrayants.

Nous passons également à côté de la beauté de ce qui se passe en ce moment.

Nous manquons non seulement la nature et la lumière qui nous entourent, mais aussi l’expérience humaine qui se décline dans le moment présent ; notre connexion avec les autres.

Et cela devient un entraînement. Plus nous le faisons, moins nous avons la capacité d’affronter l’inconfort à l’avenir.

Nous nous limitons en fuyant la réalité du moment présent.

Il est donc possible de s’entraîner à ne pas fuir le moment présent.

Lorsque nous nous sentons mal à l’aise, conservons un peu plus longtemps notre position dans cet inconfort.

Pas jusqu’à la torture, mais jusqu’au point qui dépasse notre zone de confort. Nous développons ainsi notre capacité à apprécier la vie dans son entièreté.

Et ce faisant nous passons à côté de peu de choses.

C’est une véritable ouverture que d’être capable de vivre pleinement.

Comment s’entraîner à ne pas fuir le moment présent

Comment s’entraîner ? Certaines personnes aiment prendre des douches froides ou s’entraîner durement, ce qui est excellent.

Mais il n’est pas nécessaire de chercher une nouvelle activité pour s’entraîner, nous pouvons simplement cesser de fuir ce qui se passe déjà.

Voici quelques moyens d’arrêter de fuir le moment présent :

  • Éteignez votre téléphone pendant la majeure partie de la journée. Beaucoup de personnes ne seront pas à l’aise avec cet exercice, mais ce n’est pas grave. Restez avec ce sentiment d’inconfort. Vous découvrirez ce que vous avez essayé d’éviter.
  • Passez intentionnellement du temps loin de votre ordinateur. Éloignez-vous des distractions, asseyez-vous et réfléchissez. Vous pouvez aussi marcher dans votre maison ou votre bureau pour voir ce que vous remarquez.
  • Focalisez-vous sur une tâche ou un projet difficile pendant 10 minutes de plus que vous ne le souhaitez. Remarquez ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous restez plus longtemps.
  • Remettez l’envoi de courrier électronique et de messages à une autre heure de la journée. Observez comment les choses évoluent.
  • Arrêtez de consommer de la caféine ou de l’alcool (ou toute autre substance) pendant un mois. Observez les sentiments qui font surface et laissez-vous le temps de les traiter.
  • Ne mangez pas de nourriture pendant deux semaines, c’est-à-dire pas de malbouffe. Voyez quelles pensées ou émotions surgissent.
  • Astuce supplémentaire : Remarquez les moments où vous vous plaignez, où vous tombez dans la victimisation, où vous vous défoulez sur les autres, où vous culpabilisez ou êtes dur vis-à-vis de vous-même, où vous fantasmez, etc. Voyez si vous pouvez remarquer le sentiment qui se cache derrière ces échappées mentales.
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Lorsque nous nous coupons de nos échappatoires, nous commençons à remarquer les choses que nous cherchons à fuir en temps normal.

Vous faites alors face aux émotions, aux sentiments à votre égard et aux autres choses que vous n’avez pas pris la peine de traiter.

Il est important de faire preuve de douceur et d’amour envers soi-même pendant que vous êtes sur cette voie.

Prenez soin de vous. Faites-vous aider par d’autres personnes.

Et demandez l’aide d’un thérapeute professionnel si vous vous sentez un tant soit peu en danger — l’exercice décrit ici n’est en effet pas censé présenter un quelconque danger.

Si vous sentez que c’est trop intense pour vous, arrêtez-vous et trouvez de l’aide.

En fin de compte, il ne s’agit pas d’être dur ou coercitif avec nous-mêmes. Il s’agit de trouver une manière douce de nous entraîner à nous ouvrir davantage à la vie. Par où pourriez-vous commencer ?

Article original écrit par Léo Babauta.

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