Pour devenir plus zen au quotidien

Pratiquer la sylvothérapie, une “zen habitude”

Connaissez-vous la « sylvothérapie » ? Le terme désigne un ensemble d’activités prenant place en forêt et s’appuyant sur l’interaction avec les arbres pour favoriser le bien-être des participants. En pratique, elle regroupe des activités diverses et variées, qui vont de la respiration au yoga en forêt à la marche méditative, en passant par la pratique des mandalas ou du land art dans certains cas.

En tant que pratique humaine, la sylvothérapie existe depuis des siècles : les humains ont toujours su les bienfaits de la fréquentation de l’environnement sylvestre pour leur santé. Mais ce n’est qu’il y a une trentaine d’années que – en même temps que l’émergence du Shinrin Yoku en Orient – la sylvothérapie a commencé à prendre une forme “thérapeutique” en Occident.

Pour de nombreux sylvothérapeutes, le caractère soignant ou relaxant des arbres ne vient pas seulement des caractéristiques physiques de la forêt (sons apaisants, odeurs saines, présence de phytoncides, pollution réduite, etc.). Il viendrait aussi des effets de nos capacités de visualisation et d’imagination à partir du seul fait de regarder une forêt ou la représentation d’une forêt.

C’est, en grande partie, notre habileté à établir des projections positives au sujet des arbres, à les “faire vivre”, à nous identifier à eux, à les voir comme des éléments rassurants ou bien comme des miroirs de nous-mêmes, etc. qui fait que nous nous sentons mieux à leurs côtés. La sylvothérapie joue donc sur trois niveaux complémentaires, elle :

  • met les participants en activité (de respiration, de méditation, de mouvements de type yoga, etc.) ;
  • expose les participants aux éléments physiques relaxants de la forêt (sons, odeurs, phytoncides, etc.) ;
  • propose souvent des exercices de visualisation ou d’imagination qui réveillent des émotions et des sensations agréables chez les participants.

Cet article invité a été écrit par Laura Nicolas, du blog Ma Petite Forêt qui traite des bienfaits de l’univers forestier pour la santé et l’éducation.

comment pratiquer la sylvothérapie zen habitude

Comment pratiquer la sylvothérapie?

Il n’existe pas de définition unique de la sylvothérapie et beaucoup de débats ont cours sur la recevabilité du terme “thérapie” (car ce terme signifie “traitement médical”). Il n’existe pas non plus de pratique unique de la sylvothérapie mais plutôt une juxtaposition d’exercices et de progressions mises en place par les sylvothérapeutes, selon leurs préférences. Mais on peut s’accorder sur le fait qu’il s’agit d’une pratique visant à procurer du bien-être physique et psychologique aux participants, et ce, à travers différents exercices ayant lieu dans un environnement forestier.

La majorité des exercices de sylvothérapie conjuguent donc, selon les praticiens et le public :

  • de la promenade en forêt ou dans un parc ;
  • des activités de type relaxation ou détente ;
  • un travail sensoriel : ce sont des moments consacrés à porter attention à son environnement à l’aide de ses cinq sens ;
  • des exercices légèrement physiques avec une attention portée sur la respiration ;
  • des activités méditatives ou de visualisation d’événements positifs ;
  • ou des moments ludiques ou créatifs (danse, inspirations, jeux et fabrication avec les éléments de la forêt, etc.) ;
  • mais aussi des moments de discussion et de partage d’événements vécus, quand la sylvothérapie s’effectue en groupe ; ces instants sont souvent effectués autour d’un thé ou bien d’un repas conçu à partir d’ingrédients forestiers.

Il existe des ouvrages très utiles si vous souhaitez pratiquer au quotidien ; ils proposent une quantité d’activités, dont certaines vous conviendront certainement, quel que soit votre âge, vos besoins de vous ressourcer, le temps dont vous disposez, etc.

Le point commun entre toutes les approches de la sylvothérapie et tous les exercices proposés par les praticiens est qu’ils vous rendront plus zen à la fin! Ils visent tous à maximiser les effets de la forêt, en les combinant avec des pratiques relaxantes, ludiques ou méditatives, afin de vous faire lâcher-prise face aux soucis du quotidien.

S’il fallait ramener les pratiques de sylvothérapie à un modèle global, une séance de sylvothérapie de 2h, en groupe, pourrait ressembler à ceci :

  • Une marche (ou un trajet en voiture, en vélo, etc.) jusqu’à un environnement boisé ;
  • Arrivés en forêt, portables éteints, les membres du groupe se taisent progressivement et on porte attention au silence environnant ;
  • On commence à marcher, lentement (plus c’est lent, mieux c’est, en sylvothérapie!), en calant sa respiration sur ses pas ; il faut savoir que respirer à pleins poumons génère une oxygénation qui a pour effet de modifier – légèrement, dans le cas de la sylvothérapie – votre état de conscience. Vous vous sentez un peu ralenti, et en même temps vous percevez mieux les bruits, les odeurs, vos sensations et émotions!

état de conscience et lenteur prendre le temps

  • Une pause s’effectue, généralement en cercle. On fait des exercices de détente, de type yoga ;
  • On reprend la marche, en adaptant encore sa respiration au rythme de ses pas ;
  • Puis on peut faire une autre pause, plus sensorielle, où l’on va prendre le temps de s’asseoir contre un arbre, de le toucher les yeux fermés ou de l’enlacer. Cela permet de faire attention – toujours lentement! – aux sensations, aux émotions ou aux pensées qui surviennent ;
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Ensuite, au choix des sylvothérapeutes et des participants, on ira vers :

  • une activité ludo-créative (par exemple, confection d’un mandala avec des feuilles, des pommes de pin, des branches, des pierres, des glands…)
  • d’autres respirations, inspirées du modèle de la cohérence cardiaque ou de la coach respiration ;
  • la recherche de nourriture (baies sauvages, champignons – pour les connaisseurs seulement ! –, plantes sauvages comestibles, fraises des bois, etc.)
  • “la méditation sylvatique”, où, assis face à un arbre, vous portez toute votre attention sur l’observation de cet arbre. Laurence Monce décrit ce bel exercice en page 95 de son ouvrage.
  • ou tout autre type d’exercices, pour peu qu’il provoque un sentiment de bien-être ou de dynamisme ;
  • Ensuite, il y a un temps de partage, en grand groupe ou en petits groupes, des expériences vécues : chacun.e raconte ce qu’il a vécu, ce qu’elle a aimé, moins apprécié, etc. Ce temps s’effectue généralement autour d’une tasse de thé chaud ;
  • Enfin, on est invités à prendre le chemin du retour, en silence, de manière assez dynamique s’il faut se réchauffer après la pause, et toujours en portant attention à sa respiration et à l’environnement.

ATTENTION : la sylvothérapie n’est pas une pratique de formation à l’environnement. Bien sûr, on y reconnaît telle ou telle espèce d’arbre, on en découvre d’autres, on apprend toujours quelque chose. Mais l’objectif n’est pas d’accumuler des connaissances, c’est plutôt d’expérimenter des sensations de calme, de sérénité, de joie paisible, d’amour pour soi et pour les autres, etc. Pour certains, dont je fais partie, il est très difficile de faire momentanément taire le mental (les projets, les jugements, les analyses, etc.). C’est pourtant le seul moyen de vivre un moment zen, et d’en bénéficier après coup!

sylvothérapie expérimenter les sensations méditation arbre

Pour pratiquer en toute sécurité et en toute sérénité, il est essentiel de respecter quelques règles :

  • Prenez des vêtements et chaussures confortables et imperméables ;
  • Vérifiez qu’une personne du groupe a un téléphone (éteint) sur soi, en cas d’urgence ;
  • Emportez toujours de l’eau et, s’il fait froid ou humide, un bon thermos de thé ou de tisane est vraiment très appréciable ;

Enfin, n’attendez pas les vacances, ni même le week-end pour vous échapper en forêt! L’habitude zen, comme toute habitude, se prend grâce à la pratique répétée! D’accord, me direz-vous, mais j’habite en ville. Alors, vous êtes pareil à 80% que la population française : citadin.e. Mais savez-vous que ce 80% a accès à une forêt à moins de 30 kilomètres de chez lui? (Granet et Dobre « Les citadins et la forêt en France, 2009). Sans compter les parcs, voire les squares! Puisque la sylvothérapie, c’est aussi – et surtout – dans la tête que ça se passe, asseyez-vous sur un banc, concentrez-vous sur l’arbre qui se trouve à côté ou en face de vous et laissez votre imagination s’enflammer!

La forêt me rend plus zen

Vous l’aurez compris : il n’y a pas une manière unique de pratiquer la sylvothérapie! Il s’agit plutôt d’une habitude de prendre soin de soi grâce à un environnement porteur d’émotions positives : les arbres! A chacun d’y mettre l’intention qu’il souhaite, de pratiquer comme il l’entend, d’y trouver les gestes et les pratiques dont il a envie.

A titre d’exemple, voici pourquoi et comment je pratique la sylvothérapie actuellement (et cette pratique évoluera certainement au fil du temps et de mes envies!)

Mon point de vue sur la sylvothérapie

Je suis arrivée à la sylvothérapie grâce à un surmenage professionnel qui me provoquait de fortes contractures du diaphragme. Le responsable : le stress lié à mon mode de vie (travail stressant et vie urbaine) et à mon incapacité à lâcher-prise par rapport aux responsabilités que je m’attribuais sans arrêt. J’ai eu deux opportunités à ce moment-là : la chance de pouvoir emménager en Sologne (région forestière s’il en est!) et celle de rencontrer Jean-Marie Defossez, auprès de qui j’ai (ré)appris à respirer parmi les arbres!

Vous l’avez sans doute ressenti à la lecture de cet article : j’ai une approche plutôt scientifique de la chose (déformation professionnelle de mon parcours de chercheure) et suis peu sensible aux approches esthétiques, poétiques, intuitives, mystiques, voire, comme on peut le constater dans certains cas, pleinement ésotériques. Entendez-bien qu’il s’agit toutes d’approches valables dans le sens où elles apportent un réconfort et un bien-être aux participants. Il s’agit simplement d’aller vers ce qui nous appelle le mieux.

Pour ma part, la syvlothérapie ancrée dans la respiration me convient parfaitement, parce que c’est justement là où “le bât blesse” chez moi. Par ailleurs, je porte un handicap sensoriel du fait d’être anosmique depuis ma naissance. Le fait de ne pouvoir percevoir d’odeurs (et, du coup, que très peu de goûts) me prive partiellement d’attrait pour les exercices sensoriels. Ou, plus exactement, je compense par une attention portée aux sons (le vent, les craquements de branches, le chant des oiseaux, etc.) et au toucher (les formes des troncs, les aspérités du bois, la douceur ou le piquant des feuilles, etc.).

De par mon profil assez cérébral, encombrée par un mental envahissant, je ressens le besoin de déconnecter le flux incessant de mes pensées et les arbres m’aident beaucoup à ce niveau-là. D’abord, par le fait qu’ils ont – on l’a vu plus haut – cette incroyable propension à absorber notre attention. Quand je les observe, surtout les grands arbres, je suis presque totalement absorbée dans cette contemplation, ce qui ne m’arrive presque jamais – sauf quand j’observe des animaux, qui m’attirent aussi beaucoup. Cette observation simple, dénuée de jugement ou d’analyse, fait prendre des vacances à mon cerveau! Les couleurs, les formes, les bruits, sont comme un film qui se déroule devant mes yeux passifs. Cela me vide la tête!

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Toujours à la suite du surmenage que j’ai vécu, je me suis intéressée à la méditation de pleine conscience. J’ai suivi le protocole MBSR (Mindulness-Based Stress Reduction) qui vise à réduire le stress chronique et à prévenir la dépression grâce à la méditation de pleine conscience. Aussi, maintenant, je joins très souvent la pratique méditative à mes séances de sylvothérapie. Ce sont des exercices fascinants où l’on reste assis à observer ce qui se passe en nous. Pensées, émotions, sensations, tout défile devant nos yeux sans qu’on s’y attache. On les voit, on les reconnaît (ah, tiens, la colère! ah… encore la même pensée, elle est de retour!), et on les laisse passer. Méditation et sylvothérapie sont pour moi comme les doigts de la main : elles s’accompagnent de manière harmonieuse car la forêt porte l’esprit à l’observation contemplative à la fois de l’extérieur et de notre intérieur.

méditation et sylvothérapie pratique en forêt

Egalement, je pense que, au-delà de l’impact des propriétés physiques bénéfiques des arbres sur le stress humain, les effets de la sylvothérapie viennent principalement de ce que le cerveau humain projette sur l’univers de la forêt. Je m’explique : si vous allez en forêt pour bénéficier des phytoncides forestiers lors d’une marche nordique, par exemple, il est évident que vous ressentirez un bien-être. Ce dernier sera provoqué, d’ailleurs, à la fois par les phytoncides et par le fait de marcher.

Mais si l’on veut aller un peu plus loin, il est nécessaire “d’entrer en forêt”, c’est-à-dire de poser une intention, de diriger sa volonté vers le fait de prendre soin de soi. Alors, la sylvothérapie “physique” s’accompagne d’une sylvothérapie “psychologique” où, en plus de soigner les symptômes de son stress, on creuse un peu vers les racines de notre mal-être, on s’attaque aux sources du malaise, de notre manque de confiance ou d’amour pour nous-même, etc. On fait d’une pierre deux coups!

En bref

Parmi l’ensemble des pratiques de bien-être qui existent actuellement, la sylvothérapie rencontre un succès indéniable. La prise de conscience des liens entre humains et monde végétal, la reconnaissance scientifique des bienfaits des arbres sur la santé humaine et la nécessité de sortir d’un monde urbanisé générateur de stress en sont certainement les raisons. Les offres de bains de forêt fleurissent (j’en ai recensé 155 entre juin et décembre 2020 sur le territoire français), pour le bonheur des petits et des grands. Associée à des exercices de respiration, de visualisation, de méditation, de marches silencieuses, de médecine douce, la promenade soignante en forêt se décline sur toute la gamme des pratiques zen !

Il reste maintenant à la sylvothérapie de faire ses preuves sur le moyen et long terme en tant que pratique réparatrice de stress et génératrice de bien-être. Il lui faut sans doute s’organiser autour d’un répertoire de pratiques bien identifiées, reconnues scientifiquement et valorisées médiatiquement. De plus, il lui faudra encore quelques années pour défier les réticences associées à ses pratiques (la peur des risques liés à la présence d’animaux, de microbes et autres dangers – réels ou fantasmés – par les détracteurs de cette démarche). Il lui faudra également prendre en compte le risque, inhérent à la constitution d’une nouvelle discipline, du repli sur soi, d’une potentielle dérive ésotérique ou de conflits d’intérêts financiers et autres querelles d’égo.

Quoi qu’il en soit, la sylvothérapie rend plus zen au quotidien, et c’est le plus important ! Elle a cet énorme avantage qu’elle peut se pratiquer au niveau individuel, du réveil au coucher, quand, où et comment chacun le souhaite. Il suffit, en fait, de se laisser porter par l’immense pouvoir de relaxation des arbres et de leur maison-mère – qui est aussi la nôtre – : la forêt !

Laura Nicolas, du blog Ma Petite Forêt

Références bibliographiques

2 commentaires
  1. Merci de partager avec nous cette expérience sur la sylvotherapie, je ne savais pas que cela existait. Je me retrouve , et c’est vrai que les arbres ont un pouvoir régénérateur et relaxant , bref la Nature en général, ces moments sont precieux et authentique car c’est un peu comme ci la Nature essayait de communiquer avec nous en nous laissant un message de paix, d’amour et de joie. C’est magnifique, j’aimerai vivre cette expérience a nouveau, et d’ailleurs les parcs, les zoo, nous rapprochent aussi de cela, la beauté de la nature, l’équilibre, la paix de l’esprit😊. Merci pour ce merveilleux article😊

  2. Merci Esther pour votre enthousiasme, qui m’encourage à continuer dans le sens de la sylvothérapie ! Notre rapprochement aux espèces végétales et animales, qu’on entend parfois sous le terme de « connexion à la nature » est en effet essentiel à notre santé psychologique et physique! Cela nous rappelle, en plus, que nous faisons nous-même partie de cette « Nature » de laquelle nous nous coupons trop 🙂

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