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20 Effets bénéfiques des paysages et du végétal sur la santé

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Note : cet article invité a été écrit par Claude Camilli  Paysages Reconquis

Préambule

Des effets bénéfiques, certes … mais à condition que le paysage ne soit pas stressant!

Car des paysages stressants, il y en a, hélas, beaucoup et un peu partout! Commençons par en citer quelques-uns : si l’on recherche un effet bénéfique, on les évitera !…

Le paysage peut être envahi par l’asphalte, étouffé sous des parkings, gangréné par la publicité. Il peut être souillé par des pylônes, des tags, des sacs plastiques qui volent, des décharges !

Le paysage peut être dévoré par des zones, urbaines, périurbaines, commerciales, industrielles, artisanales,  d’aménagement concerté des ZI, des ZA, des ZAC ! Il peut être barré par des murs, murs de camions, de béton vert, haies de thuyas ou autres troènes taillés au cordeau!

Le paysage peut être troué par une carrière abandonnée comme il peut être mité. Oui, vous avez bien compris, mité comme une vulgaire couverture attaquée par les mites.

Ou encore notre regard peut se perdre dans les dédales de lotissements s’étalant à l’infini, no man’s land périurbains, vidés de tout caractère. Ni campagnes ni villes.

Un pays sage restaure ses paysages.

Mais oublions ce tableau barbare et recherchons des paysages épargnés par ces balafres. Il y en a.
Il y en a encore, heureusement, beaucoup…

Sentier sur les flancs de Belledonne

Sentier sur les flancs de Belledonne

Effets bénéfiques dans les paysages naturels, paysages agraires et paysages ruraux patrimoniaux

Commençons donc par les paysages naturels – forêts, prairies, marais, alpages, etc.-, par les paysages agraires – ces paysages façonnés de longue date par des générations de paysans attachés à leur terre- et par les paysages ruraux patrimoniaux tels que châtaigneraies, oliveraies, vignes, bocages, etc.

Ces paysages réconfortent. Ces paysages rassurent.

En effet, face aux bouleversements accélérés de la société, face aux soubresauts chaotiques de nos villes, ils sont le symbole d’un univers immuable. Ils nous rattachent à nos racines, ce qui nous sécurise. Leur caractère authentique permet un retour aux sources, au plus profond de notre corps et de notre mémoire.

La nature semble répondre à un besoin archaïque, peut-être en lien avec la présence de l’eau, une des conditions indispensables à notre survie. Cette intuition nous apaise.

Paysages du Jura

Paysages du Jura

Quand les terres sont riches de productions agricoles, vergers, potagers, céréales, élevage, etc., elles sont porteuses de valeurs rassurantes. D’autant plus quand il s’agit d’agriculture « agro écologique » ou « paysanne » ou « fermière » ou « durable » et non pas d’agriculture conventionnelle , c’est-à-dire industrielle. Elles déclenchent alors une espérance de qualité. Qualité de l’alimentation synonyme de qualité de vie. Si la production a belle apparence, si les vaches ont belle allure, alors la perception d’abondance donne un sentiment de sécurité (1). Nous voilà rassurés. Et pour peu que les plantations soient à l’opposé de la monoculture arrosée de pesticides, qu’elles proposent à l’œil ravi une variété infinie de légumes, de fleurs et d’herbes folles, elles apportent de la joie, car on sent bien là que la biodiversité va pouvoir s’épanouir.

Le capital écologique va s’enrichir et cette soudaine confiance en la vie déclenche un sentiment puissant apparenté à la joie. (Voir une analyse des paysages de la commune de Revel dans le massif de Belledonne.)

Résumons:

Effets bénéfiques de la nature en ville

On parle de végétal en ville. Par végétal, entendons les arbres, les arbustes, les graminées, les fleurs, les prairies… Bref, en ville, ce sont principalement les espaces verts. Mais on pense également aux allées d’arbres le long des boulevards, aux végétaux comme la vigne vierge par exemple débordant des murs, ou de plus en plus aux murs végétalisés ou jardins verticaux antibruits, anti-polluants et isolants thermiques.

Le végétal en ville a des effets positifs directs sur la santé physique.

Le végétal en ville fournit de l’oxygène et diminue les pollutions, donc les effets de pollution sur la santé.

En effet, les arbres interceptent la poussière en suspension, réduisent les polluants comme l’ozone et séquestrent les métaux lourds. Les plantes purifient donc l’air et l’eau. (2) Dans son article “ Planter des arbres en ville est une solution efficace pour lutter contre la pollution de l’air”, Gabriel Marty cite l’étude menée par les scientifiques du NCAR (Centre National pour la recherche atmosphérique au Colorado) qui porte sur les interactions entre les arbres à feuilles caduques et les Composés Organiques Volatiles (COV). Ces composés, considérés comme cancérigènes ou mutagènes, interviennent donc sur la santé humaine. Ils interviennent aussi  dans la formation d’ozone et de gaz à effet de serre. (3)

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Par ailleurs, les arbres abaissent la température en cas d’îlots de chaleur urbains, car ils réduisent le taux de rayons infrarouges. (4) Ils réduisent également le taux de rayons ultraviolets et donc diminuent le risque de cancer de la peau et même si l’exposition au soleil permet la synthèse de la vitamine D (indispensable à l’absorption du calcium et du phosphore dont le corps a besoin), elle peut aussi affaiblir le système immunitaire (la défense naturelle du corps contre les maladies). L’exposition au soleil peut aussi entraîner le vieillissement prématuré de l’œil. Les espaces verts protègent donc contre ces risques.

D’autre part, les espaces verts atténuent les bruits et donc le stress sonore.

Dans la plupart des travaux sur le sujet, il est démontré qu’ils contribuent aussi à réduire l’obésité chez les enfants. (5) Ce phénomène, s’il est vraiment avéré, est lié au bienfait indirect de l’activité physique rendue possible dans ces espaces.

Les arbres séquestrent le dioxyde de carbone, le CO2, à travers la photosynthèse puis l’accumulation du carbone dans la matière végétale, ce qui joue un rôle positif pour réduire ce gaz à effet de serre. En ce sens la multiplication des espaces verts participe à la limitation du problème de changement climatique. Pouvoir profiter de ces espaces dans son quotidien peut donc induire un sentiment positif, l’idée que l’on s’active pour résoudre ce problème anxiogène.

Enfin on peut noter, ainsi que le montrent plusieurs études, que les personnes qui considèrent que leur quartier est très vert ont une meilleure perception de leur santé. (5)

(Voir article sur les réaménagements des berges du Rhône à Lyon.)

Les berges du Rhône réaménagées, à Lyon

Les berges du Rhône réaménagées, à Lyon

Le végétal en ville a des effets positifs directs sur la santé psychique.

Là encore, il semble que les espaces verts, à condition qu’ils soient entretenus et surveillés, induisent un sentiment de sécurité pour les mêmes raisons que celles évoquées auparavant. Diminution du stress et réduction de la fatigue nerveuse découlent de ce sentiment de sécurité.

Apaisement de la colère, apaisement de l’angoisse, concentration facilitée, rémission d’une maladie, diminution de l’agressivité, diminution de la violence domestique et urbaine, ces conséquences bénéfiques sont à mettre au compte d’une nature en ville bien pensée et suffisamment abondante ainsi que le montrent les études de plus en plus nombreuses consacrées à ce sujet. Un sujet d’autant plus essentiel que la population mondiale se concentre toujours davantage dans les villes. (6)

Bien que les travaux sur le sujet soient rares et ne s’appuient pas suffisamment sur les études de terrain, il semble que les parcs publics participent au lien social, car ils créent des possibilités de rencontre et d’échange entre des personnes issues de milieux sociaux et ethniques différents. Ils peuvent développer également un sentiment d’appartenance à une communauté surtout lorsque des évènements festifs y sont organisés.  (5)

Une ruelle du 15ème arrondissement à Paris

Une ruelle du 15e arrondissement à Paris

Résumons:

  • Réduction des effets de la pollution
  • Réduction des risques de cancer de la peau, d’affaiblissement du système immunitaire, de vieillissement prématuré des yeux
  • Diminution des stress sonores
  • Réduction de la fatigue physiologique
  • Réduction de la fatigue nerveuse
  • Prévention de l’obésité chez les enfants
  • Apaisement de la colère
  • Apaisement de l’angoisse
  • Diminution de l’agressivité, de la violence domestique et urbaine
  • Aide à la concentration
  • Rémission de maladies

Effets bénéfiques de la nature dans les institutions médicales.

Abordons pour terminer les effets bénéfiques des jardins et parcs dans les institutions médicales.

Nous évoquons là: hôpitaux, maisons de retraite, instituts d’accueil pour des pathologies spécifiques dans le domaine neurologique.

Plusieurs études anglo-saxonnes démontrent que certains malades peuvent trouver un grand bénéfice à la présence d’un jardin ou d’un environnement paysager au sein d’un tel établissement médical.

Il s’agit de malades souffrant de stress, de dépression, mais encore de maladies plus graves telles que la maladie d’Alzheimer, autismes, déficits intellectuels associés ou non à d’autres signes comme l’épilepsie, handicaps moteurs et psychologiques.

Comment expliquer ce fait ?

Résumons la réflexion du Professeur Alain Calender. (7)

Les connaissances actuelles sur le cerveau suggèrent quatre catégories de mécanismes. Il y a d’abord la stimulation sensorielle permise par l’ambiance du jardin et qui joue un rôle important. Nous développons « les 5 sens: voir, entendre, toucher, goûter, sentir; tous stimulés dès lors que nous sommes plongés dans un monde verdoyant et coloré, mais aussi riche de sons, bruissements, chants d’oiseaux et de fontaines. Peut-être existe-t-il même un sixième sens, car le contact avec la terre est une forme de ‘retour à la source’, potentiellement vivifiant. Au niveau cérébral, les aires sensorielles, contrôlant physiologiquement les 5 sens sont connectées à des aires associatives, ou « d’interprétation du contexte sensoriel», elles-mêmes étroitement liées aux circuits de la récompense, qui permet, par l’intermédiaire d’hormones dénommées neuromédiateurs, d’apaiser le cortex moteur, de mieux le coordonner, et de stimuler les circuits cognitifs de la relation sociale. »

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Comme autres mécanismes, il y a bien sûr la stimulation motrice, induite par les soignants ainsi que « la connectivité neuronale, les liaisons fonctionnelles entre les cellules du cerveau, axones et dendrites, base de l’apprentissage et de la mémorisation. Il est inutile de disposer de milliards de neurones si ceux-ci n’interagissent pas de manière coordonnée. Ainsi, le Jardin, un contexte paysager, permettent par la stimulation multi sensorielle et motrice, de rétablir un objectif, source de motricité, le réveil de souvenirs, le rétablissement de liens sociaux avec ses proches et/ou les soignants. Comme dans l’approche en musicothérapie, il n’est pas rare de voir une personne jusqu’alors silencieuse, repliée sur elle-même, s’extasier soudainement sur une rose, un espace coloré, ou tout autre ‘objet’ décoratif au sein de ces Jardins.

Un véritable réveil de souvenirs d’enfance.

Enfin, dernier mécanisme : « la plasticité neuronale, ou la capacité d’auto régénération dans les sites lésés du cerveau, de nouvelles cellules fonctionnelles et donc d’une capacité cérébrale. C’est peut-être un des mécanismes de la réactivation du lien social chez les enfants autistes mis en situation d’interactivité au sein de Jardins de soutien thérapeutique quand ils travaillent la terre ensemble, avec les soignants. »

Les exemples en France de Jardins en milieu médical sont de plus en plus nombreux. En voici quelques-uns parmi d’autres : Jardin ‘Graine de Vie’ (Institut Curie à Paris pour les patients soumis au stress de la maladie cancéreuse). Jardins de la Pitié Salpêtrière (à Paris) destinés aux enfants autistes. Jardin des ‘Aurélias’ (à Pollionay dans le Rhône) au bénéfice de patients Alzheimer. Foyer d’Accueil médicalisé des 4 Jardins (à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs dans l’Isère) pour les personnes dans la souffrance.

Résumons:

  • Diminution du stress
  • Progrès chez les malades Alzheimer
  • Amélioration d’états de dépression
  • Progrès chez les malades souffrant d’autisme
  • Progrès chez les malades souffrant de handicaps moteurs et psychologiques

"20 EFFETS BÉNÉFIQUES DES PAYSAGES ET DU VÉGÉTAL SUR LA SANTÉ."

Source: les cités végétales de Luc Schuiten

En conclusion :

Si les paysages abimés, voire saccagés peuvent provoquer une véritable réaction anxiogène, à contrario un paysage encore vierge de toute blessure peut apporter un réel bénéfice pour la santé. Ainsi donc, restaurons nos paysages !

Notes :

(1) Passion Céréales Les paysages agricoles : un patrimoine esthétique et environnementale

(2)  Étude de NSF, National Sciences Foundation : Plants Play Larger Role Than Thought in Cleaning up Air Pollution oct. 2010

(3)  Article “Planter des arbres en ville est une solution efficace pour lutter contre la pollution de l’air”

(4)  Rapport de Ahmed El Atari et Foufana Abou sur Ilôts de chaleur urbains, juin 2015

(5) Article très documenté “Les espaces verts urbains et la santé” de l’Institut national de santé publique du Québec

(6) Article d’Isabelle Delannoy « Le végétal dans la ville : l’élément vital » et ses nombreuses références Site Eco info

– SULLIVAN, William C. / KUO, Frances E. / DE POOTER, Stephen F. The fruit of urban nature. Vital neighborhood spaces. [Le fruit de la nature urbaine. La vie de quartier]. Environment and Behavior, septembre 2004, vol. 36, n° 5, p. 678-700.

– SEELAND Klaus, DÜBENDORFER Sabine, HANSMANN Ralf, Se faire des amis dans les parcs et espaces verts de Zurich : le rôle des espaces verts pour l’intégration sociale des jeunes de différentes cultures. Forest policy and economics, janvier 2009, vol. 11, n° 1, p. 10-17

– BARBOSA, Olga / TRATALOS, Jamie A. / et al. Who benefits form access to green space? A case study from Sheffield, UK. [Qui profite de l’accès aux espaces verts ? Une étude de cas à Sheffield, en Grande-Bretagne]. Landscape and urban planning, mai 2007, vol. 83, p. 187-195

– FULLER, Richard A. / IRVINE, Katherine N. / et al. Psychological benefits of greenspace increase with biodiversity. [Les bénéfices psychologiques des espaces verts s’accroissent avec la biodiversité].Biology letters, 15 mai 2007, n° 3, p. 390-394 ;

(7) Professeur Alain CALENDER Hospices Civils de LYON Unité d’Oncologie et de Neurogénétique Président du Fonds de Dotation ‘ Jardins, Action Santé ‘ Hôpital Edouard Herriot F-69437 –Jardins, paysages, et bénéfice thérapeutique dans les maladies neurologiques : réflexions

Un pays sage restaure ses paysages

Claude Camilli de Paysages Reconquis

"20 EFFETS BÉNÉFIQUES DES PAYSAGES ET DU VÉGÉTAL SUR LA SANTÉ

3 commentaires
  1. Bonjour Roland, je voudrai vous remercier pour tous ces articles vraiment interressant et nécessaire ! Cela fait quelques années maintenant que j’attend toutes vos newsletter avec impatience ! Je voulais d’ailleurs vous inviter à mon tour à lire les articles de mon tout nouveau site. En effet, je viens de créer un site OPTIMISTE, j’essaye en faite de publier régulièrement des actualités et des articles sur différents sujets exclusivement POSITIFS et OPTIMISTES. Nous en avons bien besoin. Voila, j’espère que mon site vous apportera encore un peu plus d’Optimisme 🙂 🙂

  2. Ce sujet est un univers en soi, dont la santé apparait comme un des marqueurs de conséquences: nous sommes tous construits de fibres et de nature, d’âme et d’esprit, de corps et d’une très longue histoire parfois locale, parfois décalée à l’excès. Sortons du « paysage » dans lequel nous baignons intimement et nous voilà fichus; entrons dans un autre paysage « aimable » et nous voici à nouveau réceptifs. L’homme et le paysage ne sont guère dissociables (en zone habitée): si l’un dépérit, l’autre en subit directement les conséquences, dans n’importe quel sens qu’aille la proposition. Ces avancées que vous nous offrez sont fondatrices parce qu’elles nous restaurent et parce qu’elles induisent un mouvement plus fort car partagé et capable d’entrer en symbiose avec de nouvelles orientations sociétales. Merci à vous. PA

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