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Comment enseigner à nos enfants à gérer leur propre colère ?

Gérer sa colère n’est pas chose évidente. Ni pour nous, ni, encore moins, pour nos enfants. C’est une question qui nous désespère au quotidien, parce que nous aspirons à plus de clame et de tranquillité. Comment donc leur enseigner à gérer leur propre colère ?

Je viens de récupérer mes deux plus jeunes, Léon 6 ans, et Anatole 4 ans, de l’école. Tout se passe bien, nous commençons à rentrer chez nous.
D’un seul coup, sans que je ne comprenne d’où cela vient – j’étais occupée à saluer une amie de ma fille – , Anatole s’assied sur le trottoir, et se met à pleurer. Les quelques mots que j’entends semble indiquer qu’il est énervé contre son frère. De mon côté, j’ai beau lui indiquer que le trottoir est sale, il ne bouge pas. Et l’amie de ma fille nous regarde, attendant de voir ce qu’il va se passer…

Avez-vous déjà vécu une scène similaire ? J’imagine que oui… Heureusement, je suis armée de ma panoplie de parent positif, et j’ai une meilleure idée de comment réagir. Je vous invite donc à me suivre pour le découvrir.

Note : cet article a été écrit par Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, qui accompagne les parents sur le chemin de la parentalité positive.gerer-la-colere-enfant-assis-par-terre

Ce que nous avons l’habitude de faire et qui aggrave la situation

Voyons déjà quelles seraient quelques réactions classiques, qui ne vont malheureusement pas aider notre enfant à apprendre à gérer sa colère.

  • Minimiser les choses

Parce que nous aimerions bien que cette situation n’ait pas lieu, parce que nous voudrions nous en sortir au plus vite, nous cherchons d’abord à la minimiser auprès de notre enfant : “Ce n’est rien ! Ce n’est pas grave ! N’y prête pas attention…”
Vous est-il déjà arrivé, cependant, d’être affecté par une situation, quelle qu’elle soit, et qu’un ami, à qui vous racontez ce qui vous arrive, vous réponde : “Ce n’est rien ! N’y prête pas attention…” ? Est-ce que ça vous aide ? Avez-vous l’impression que tout va mieux et que vous êtes alors prêt à passer à autre chose ? Ou vous sentez-vous au contraire incompris, et encore plus agacé ? Oui, c’est bien ce qui arrive à nos enfants également !

Essayer d’effacer les sentiments négatifs est vain. Ils sont déjà là. Mieux vaut apprendre à les traverser…

  • Expliquer

Pensant que les choses seront plus faciles à vivre pour notre enfant lorsqu’il les aura comprises, nous entrons dans des explications. Dans mon cas, ça aurait pu donner : “Ah, il t’a dit ça ? Mais c’est parce qu’il ne savait pas que…”. Nous n’avons pas forcément tort d’expliquer. Mais ce n’est pas le moment. Pas encore. Car, comme nous le verrons plus loin, lorsqu’une personne est sous l’emprise d’une émotion, elle n’est pas capable de raisonnement…

L’explication qui vient trop tôt n’est pas entendu, et ces justifications renforcent là aussi chez notre enfant le sentiment d’être incompris.

  • Prendre les choses personnellement

Ecrit froidement, en dehors du moment, cette attitude-là peut paraitre surprenante. Comment pourrais-je prendre contre moi le fait que mon fils se mette par terre, sous le coup de la colère contre son frère ? En fait, ce n’est pas à ce moment-là que je le prends personnellement. Au moment où je le vois par terre, effectivement, je ne me dis pas qu’il fait ça contre moi.

Seulement, nous sommes humains. Et lorsque je lui demande de se relever parce que le trottoir est sale et qu’il “refuse de m’écouter”, alors j’ai vite fait de considérer qu’alors il s’oppose à moi ! Je m’agace intérieurement face à cette situation que non seulement je ne sais pas gérer, mais que je n’ai en plus aucune envie de gérer tant elle m’apparait ridicule ! Et c’est à ce moment-là que nos pensées nous entrainent du côté obscur…

  • Imposer notre volonté, par la force s’il le faut

C’est trop tard. En prenant les choses personnellement, forts de nos années d’expérience de ce schéma classique d’autorité verticale, nous sommes entrés dans une bataille. Nous considérons à présent que notre enfant doit nous obéir; et que nous allons le forcer à le faire, quoi que nous ayons besoin de faire pour cela. Nous en avons le droit, nous sommes l’adulte, il est l’enfant.

D’abord, nous répèterons l’instruction de se lever, plus fermement, plus fort peut-être. Puis, s’il n’obéit pas, nous le saisirons par le bras, le lèverons nous-mêmes, et le trainerons sur le trottoir, tandis qu’il continuera de pleurer et crier, bien évidemment ! Au moins nous lui aurons montré qui gagne dans ce genre de cas.

  • Tenir compte du regard des autres
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La honte. C’est la honte qui nous envahit lorsque ce genre de scènes se déroule en public. Et la prise en compte du regard des autres aggrave les choses. Parce qu’en plus des pensées qui se créent en nous, nous imaginons celles qui se créent chez eux.

“Cette mère ne sait pas gérer son enfant ! Voyons voir comment elle va réagir maintenant… Ah, il est toujours assis par terre, bravo la méthode bienveillante ! Il est juste mal élevé son môme, et puis c’est tout…”

Alors, on perd la perspective de ce qui compte pour nous, on perd le sens des priorités, et, forts des jugements que nous avons devinés chez les autres, nous modifions notre réaction pour leur montrer que nous ne méritions pas ces jugements.

Mais savons-nous vraiment ce que les autres pensent ? Et si, au contraire, ils pensaient “Ca ne doit pas être facile de faire face à un enfant qui s’assied par terre… Au moins, elle parvient à garder son calme, je ne sais pas si j’y parviendrais à sa place !” ? C’est possible également. Et cela nous tranquilliserait sacrément, non ?
Et quand bien même nous connaissons la position éducative de celui qui nous regarde, et que nous savons bien qu’il penche plus probablement vers le premier scénario ? Alors, recentrons-nous bien sur l’essentiel, et posons-nous cette question, proposée par Isabelle Filliozat dans Au coeur des émotions de l’enfant : “Qu’est-ce qui est le plus précieux pour moi ?”

Ma réponse (quand je parviens à l’entendre, ce qui est heureusement de plus en plus fréquent) est très claire. Le plus précieux pour moi, c’est d’accompagner mon enfant, que lui et moi sortions grandis de cette situation, et peu importe ce qu’en pense mon beau-père qui me regarde…

Ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne le peut pas…

L’immaturité du cerveau de l’enfant

Les découvertes de la neuroscience l’ont prouvé : le cerveau humain n’est vraiment mûr qu’à 25 ans ! Et cela a un impact certain sur les comportements. Il est important de retenir que la partie frontale du cerveau est le siège de la réflexion. C’est aussi le siège de l’empathie et du raisonnement. Cette partie du cerveau mettra le plus de temps à se développer. La partie plus primaire, où siègent les émotions a donc beaucoup plus de prise sur l’enfant.

En fait, lorsque les émotions prennent le dessus, tout se passe comme si la partie frontale se déconnectait, et n’était plus capable d’agir. Plus capable. A ce moment-là, ce sont les émotions qui ont le contrôle.

La règle à suivre est donc à la fois simple et compliquée, mais très claire : il est inutile de donner des explications tant que l’enfant est sous le coup de son émotion, en l’occurence la colère. Il faudra d’abord l’aider à revenir à un état émotionnel neutre.

La méthode sans perdant

On peut ensuite s’interroger sur notre posture. Pourquoi considérons-nous d’office que l’enfant qui s’oppose s’oppose à nous ? En fait, il nous appartient de ne pas basculer immédiatement dans une lutte de pouvoir qui n’apportera rien de bon. Il n’est pas question de gagner face à notre enfant. Ni de le laisser gagner non plus. Parce que dans les deux cas, cela signifiera qu’il y a un perdant, ce qui ne sera jamais bon pour notre relation.
Ce n’est pas une bataille.
La parentalité positive propose une alternative : une méthode sans perdant.

Lorsque nous faisons face aux difficultés de notre enfant, nous ne sommes pas contre lui, mais avec lui.

L’enfant reproduit ce qu’il voit

Si nous cherchons à enseigner à notre enfant à gérer sa propre colère, il nous faudra également nous apprendre à dominer la nôtre. Car l’enfant apprend surtout par l’exemple. Lui crier dessus pour lui dire qu’il doit se calmer est tout simplement contre-productif !

Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est pourtant fondamental. Alors, lorsque nous y parviendrons, nous pourrons modeler explicitement les méthodes qui peuvent aider à se calmer : respirer profondément, marquer une pause, fermer les yeux. Et ne pas hésiter dans ces moments-là à le mettre en valeur, pour qu’il le comprenne. “Je vais respirer pour essayer de me calmer, sinon je risque de dire des choses que je ne voudrais pas dire…”. L’enfant pourra alors comprendre qu’il arrive à tout le monde de se mettre en colère, mais qu’il existe des manières d’y faire face de façon posée.

Si en revanche, lorsque la colère nous gagne, nous basculons dans l’opposition, les cris, et l’imposition de notre décision sur notre enfant, c’est également ce qu’il reproduira lorsqu’il le pourra. En particulier lorsqu’il sera à son tour en position de force, face à son petit frère par exemple…

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Les étapes à suivre face à l’enfant en colère

Revenir à un état émotionnel neutre

Ainsi, le plus important, le plus prioritaire, est de commencer par baisser l’état émotionnel de tous. Avant de chercher à régler la situation. Pour cela, un seul moyen : le temps de pause. Mis en avant par Jane Nelsen dans La discipline positive, le temps de pause est un outil fondamental pour laisser l’émotion passer. Parfois, il suffira de donner le temps au temps.

Cependant, certaines attitudes peuvent nous aider à raccourcir ce temps de pause nécessaire.

  • Décrire simplement la situation : “Tu voulais parler à Léon et il t’a dit non.”
  • Valider les sentiments de l’enfant : “J’ai l’impression que ça t’a énervé.”
  • Attirer son attention sur un élément de l’environnement pour apaiser le cerveau, avant de reparler du problème : “As-tu vu que cette feuille était plus verte que l’autre ?”

Les deux premiers points correspondent à un message de compréhension. Or l’enfant se sentira soutenu lorsqu’il se sentira écouté. Le dernier point l’aidera simplement à sortir de la vague de son émotion, lorsqu’elle est vraiment trop forte, et nous pourrons alors utiliser nos compétences d’écoute.

Poser la limite en terme d’actes, pas de sentiment

Les parents sont parfois freinés dans cette démarche d’écoute parce qu’ils pensent que valider les sentiments correspond à valider l’attitude de l’enfant. Ce n’est pas le cas. Nous pouvons tout à fait valider le sentiment sans approuver l’acte. Exemple : “Tu as le droit d’être énervé ; il te faut trouver une autre manière de l’exprimer. Dans cette maison, on ne tape pas.”

Au besoin, il peut être nécessaire de guider physiquement notre enfant vers autre chose. Doucement. L’éloigner d’un frère sur lequel il menace de faire passer sa colère par exemple… L’art consiste alors à le faire tout en validant l’émotion, et non en nous mettant à hurler nous-mêmes ! Plutôt sur le ton suivant : “Tu sembles tellement énervé que tu t’apprêtais à taper ton frère, alors que tu sais très bien faire autrement. Nous allons nous éloigner un moment, le temps qu’il faudra pour pouvoir en parler.”

Concevoir une roue des options

Afin de montrer à l’enfant qu’il existe différentes manières de réagir à la colère, et que nous avons chacun des options à notre disposition, on peut construire avec lui une roue des options.

L’idée est la suivante :

Dans un moment de calme, on discute avec l’enfant des différentes actions que nous avons à notre disposition pour nous calmer. Il est important qu’il en suggère lui-même car nous réagissons tous différemment, et avons tous ces ressources en nous. Celles qui nous correspondent. On construit alors avec lui une roue des options, pour qu’il puisse physiquement constater qu’il a le choix. Et lorsque la colère monte, nous lui présenterons cette roue, lui en lisant les différentes options.

Chez nous, cette conception d’une roue des options pour réagir à la colère a été très bénéfique !

Finalement

Je ne saurai finir cet article sans vous raconter comment ma situation de départ s’est terminée.

Comme je vous le disais, ma panoplie de parent positif m’aide au quotidien. Face à mon Anatole, je me suis donc contenté de constater la situation.Je la lui ai reflétée, comme suggéré ci-dessus.

“Tu voulais parler à Léon, et il n’a pas voulu. Ca t’énerve parce que tu y tenais. Tu voulais vraiment lui parler.”

J’attends un peu. Je sais que la parentalité positive est une question de rythme, et le regard des autres ne me pèse absolument pas. Et je transmets également les limites, mais sans insister trop. Je sais que mon enfant est jeune, qu’il a besoin d’un temps d’apprentissage, et la situation n’est pas grave, je choisis mes combats.

“Tu es assis par terre. S’asseoir par terre sur le trottoir n’est pas une bonne idée, parce que c’est sale. Il faudra bien se laver les mains en rentrant.”

C’est également une manière de calmer son cerveau, l’encourageant à porter son attention sur autre chose. Je respire doucement, tout en lui laissant encore une demi-minute, puis demande : “Alors, qu’est-ce qu’on fait, on y va maintenant ?” Oui. Anatole se lève. Il n’est toujours pas au top de sa forme, mais il a été écouté, il n’est plus sous la vague de l’émotion, et nous pouvons avancer vers autre chose. Il a 4 ans, et il a traversé sa colère.

A présent, c’est à vous. A vous d’appliquer ces conseils. Voici donc ce que je vous propose. La prochaine fois que votre enfant se met en colère, reflétez ce qu’il se passe, simplement, sans jugement, et observez la différence !

Coralie, du blog Les 6 doigts de la main

4 commentaires
  1. Merci pour cet article. Il n’y a pas de livre pour éduquer nos enfants et ça fait du bien essayer des nouvelles techniques.

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