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À l’ère des réseaux sociaux, nous assistons plus que jamais à une dissonance entre ce que les gens montrent et ce qu’ils vivent. Tel un paon, chacun montre son plus beau profil. C’est la quête à qui récolte le plus de likes, le plus d’abonnés, le plus de notoriété…
Comment être vraiment soi-même dans cette ère de la superficialité ?
Qu’est-ce qui se cache derrière ces réseaux sociaux ?
C’est ce que vous allez découvrir dans cet article.
Note : cet article invité a été écrit par Fabien Delcourt du site Epanessence.com.
De l’identification au mimétisme
Dans ma chambre d’adolescent, on pouvait voir plusieurs posters accrochés de Arnold Schwarzenegger issus de chaque film Terminator.
J’admirais autant son corps de dieu grec que sa réussite. C’est d’ailleurs ce qui m’a motivé dès l’adolescence à pousser des barres de fonte pour être plus musclé et me dépasser.
Ce mimétisme est ancré en chacun de nous à un niveau très profond, c’est tout à fait naturel.
Avec les réseaux sociaux, de nombreux influenceurs et influenceuses affichent leur corps, leur style de vie… En montrant évidemment ce qui les arrange car c’est leur gagne-pain.
Le phénomène n’a rien de nouveau. Cela revient à ce qu’on connaît avec les mannequins ou les acteurs, qui incarnent dans la société, inconsciemment, un idéal à atteindre. D’où les régimes draconiens, les salles de sport, la chirurgie esthétique… et la pression que beaucoup de gens se mettent à ce sujet.
Les réseaux sociaux ont amplifié cette tendance. Désormais tout le monde peut publier ses photos de beaux lieux, de beaux corps, de luxe… pour inspirer les autres (ou juste les rendre envieux).
Tout un chacun peut se laisser embarquer dans cette course au paraître.
Même si tout le monde ne mange pas de ce pain-là, cette culture du m’as-tu-vu crée beaucoup de dégâts individuellement et collectivement.
Nous comparons la version quotidienne de nous-mêmes (intérieure comme extérieure) à la meilleure version de personnes dont c’est le métier, qui affichent le meilleur profil et dont les photos sont retouchées.
Nous idéalisons leur quotidien et leur bien-être, ce qui renforce le fossé abyssal nous séparant.
Cette vision de l’Homme parfait ou de la Femme parfaite est complètement erronée. C’est un portrait mort, figé, complètement déconnecté de la réalité.
Cela peut créer de l’inspiration et donner envie de faire comme ces personnes. Mais cela peut aussi entraîner un rejet pur et simple, une immense frustration de ne jamais pouvoir être ainsi ou simplement de l’indifférence détachée.
Gardons à l’esprit que ce pseudo-narcissisme exacerbé dont on voit seulement la face émergée de l’iceberg se fonde sur un socle de manque d’amour de soi et une envie inconsciente de compenser.
Posons-nous deux minutes cette question :
Pourquoi s’afficher sur les réseaux sociaux, qui plus est sous notre meilleur jour ?
La question peut s’étendre à des sujets connexes : les sportifs qui veulent à tout prix gagner des titres mondiaux, les entrepreneurs qui veulent à tout prix gagner des millions…
Dans la grande majorité des cas, il est question de reconnaissance, d’être vu et aimé.
Cette quête de reconnaissance extérieure se fait au prorata du manque d’amour de soi.
Les réseaux sociaux (comme les médias) montrent la belle façade de ce type de réussite. Ils l’érigent en idéal en se gardant bien de montrer ce qui se cache derrière.
Cette course à l’approbation sociale a un prix à payer…
Le coût de la quête effrénée du « like »
Selon une étude publiée dans Nature Communications en 2022, passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux peut entraîner un sentiment de solitude, de l’anxiété, de la dépression et de l’isolement social.
Les jeunes y sont particulièrement sensibles, à un âge où l’identité se forge.
Le masque social
Inutile de vous parler de l’impact sur les relations et sur l’intimité, quand on voit le temps moyen passé sur ces écrans… Regardez autour de vous. Lors d’un repas de famille, avec des amis (ou peut-être vous) qui est vraiment là ? Qui est au contraire plus présent à son téléphone qu’à vous (et qu’à lui-même).
Le coût le plus insidieux de ce jeu des réseaux sociaux est l’amplification d’un masque social. Cela permet de montrer ce qui va bien et cacher le reste. C’est ce que nous voyons tous les jours sur les différentes plateformes.
Cela peut créer un écartèlement entre notre vie intérieure et ce que nous montrons à l’extérieur, ce que certains profils de personnalité sont plus à même de vivre (cf. le modèle de l’ennéagramme).
Les réseaux sociaux amplifient cette tendance à passer sa vie en représentation, prisonnier d’un masque social.
Ce masque social est une protection bien légitime et il n’est pas un problème en soi.
Le problème est d’en être prisonnier et de ne pouvoir faire que ça (ce dont l’ennéagramme nous permet de prendre conscience afin d’être plus libre de nos automatismes).
Le grand risque est de ne pas réussir à nouer des relations sincères et profondes avec les autres. Parce qu’en ne montrant que le masque social qui nous arrange, personne n’a accès à notre intimité ni ce que l’on vit vraiment.
Une étude menée sur 724 jeunes hommes pendant 75 ans (!) à Harvard a conclu que le principal facteur de bonheur chez l’être humain réside dans la qualité de ses relations sociales.
A-t-on vraiment besoin d’une étude pour ça, connaissant la nature d’animal social de l’humain (dont parlait déjà Aristote au 4ème siècle av. J.-C.) ? C’est même grâce à cette grégarité qu’Homo Sapiens est encore sur cette planète.
Vivre des relations de qualité est évidemment nécessaire à notre équilibre : pouvoir être soi-même avec l’autre, se permettre la vulnérabilité, se sentir en sécurité, aimé et accueilli tel qu’on est.
Côtoyant beaucoup de personnes, je constate malheureusement que beaucoup de gens n’ont pas accès à ça.
La dualité du monde du paraître
Les réseaux sociaux, c’est la cour de Versailles version 21ème siècle : le monde de l’apparat, du m’as-tu-vu.
Ces images idylliques (de corps, de lieux, d’objets luxueux…) avec de belles lumières, des belles couleurs, cristallisent dans l’inconscient collectif un idéal à atteindre, quelque chose de positif qui rend heureux. C’est une vision de la vie extrêmement mise en avant par le cinéma hollywoodien et la culture moderne en général.
Cela pousse beaucoup de jeunes abreuvés aux réseaux sociaux à vendre leur âme au diable. Par exemple en se prostituant sur certaines plateformes pour gagner de l’argent comme de nombreux cas ces dernières années.
Quand je parle de diable, je parle du mot originel. Diable vient du terme grec « diabolos » : Dia signifie : « à travers » et bolos signifie « lancer ».
Étymologiquement, loin d’être un être rouge maléfique avec un trident comme représenté dans la fiction, le diable est celui qui « lance à travers ». Il divise le monde en deux en créant la dualité.
Cette dualité est typiquement l’apanage de ce monde du paraître.
Tellement obnubilés par l’image que nous renvoyons, par ce que les autres peuvent penser ou dire de nous, nous ne laissons pas de place pour notre vie intérieure.
Nous sommes littéralement coupés en 2. L’agitation du monde moderne amplifie ce phénomène et fait en sorte que la plupart des gens ne se connaissent pas.
Et quand on ne se connaît pas, qu’on ne connaît pas ses émotions, ses besoins, ses limites, que nous ne sommes pas intimes avec nous-mêmes, nous sommes manipulables par cette économie de l’attention.
Le tableau dépeint n’est pas des plus reluisants et pourtant il décrit une réalité concrète.
De plus en plus de gens se sentent seuls, sont méfiants, critiques, en guerre intérieure comme extérieure. Il suffit de se balader sur internet, dans les commentaires sur YouTube ou sur Twitter pour se rendre compte d’une tendance de fond qui s’accentue.
Être soi-même : le retour à soi salvateur
Ce monde de l’apparat n’est pas une fatalité, cela fait partie de la réalité.
Dans le septième art, bien des œuvres évoquent ce sujet comme Edward aux mains d’argent. Idem dans la littérature avec le Petit Prince.
Pour revenir à soi-même, on peut commencer par faire le constat brut de la surcouche hollywoodienne ajoutée à la réalité :
- Oui les plus belles actrices du cinéma ont mauvaise haleine au réveil. Elles attrapent le rhume, ont parfois la diarrhée et se disputent avec leur mari.
- Oui les influenceuses sur Instagram sont tristes et blasées derrière le masque qu’elles montrent. Elles peuvent aussi se sentir complètement vides.
- Et oui, les personnes qui s’affichent sur les réseaux quotidiennement ressentent une certaine pression sociale (parfois immense chez des personnes suivies par beaucoup de monde) et ont tendance à s’enfermer dans leur propre personnage.
Cela permet de descendre d’un étage, sortir du fantasme et revenir à la réalité concrète
Courir aveuglément après de la reconnaissance, un statut ou de l’argent a un prix : celui de l’intimité avec soi-même.
Attention, je n’oppose pas statut, argent et connaissance de soi.
Je parle bien d’une recherche effrénée où l’on n’est pas conscient de ce que l’on fait.
Une fois qu’on a réalisé que tout cet apparat était juste un décor en carton digne d’une pièce de théâtre à l’école primaire, on peut se détendre et commencer à vivre sa propre vie.
Il est l’heure de renoncer à la quête du paraître, de revenir à soi et de se connaître vraiment.
C’est une invitation à prendre le temps de se rencontrer vraiment, avec nos ombres et nos lumières.
Comment être (vraiment) soi-même ?
Quelle question curieuse !
Je me la suis posée plein de fois. Aujourd’hui je la trouve très paradoxale.
Pour en illustrer l’absurdité, je poserais la question suivante :
Comment peut-on imaginer être autre chose que soi-même ?
Nous pouvons faire des pieds et des mains pour montrer une version édulcorée de qui nous sommes, pour être aimés et acceptés par l’autre ou par le groupe. C’est d’ailleurs tout ce que j’ai dépeint dans cet article : le syndrome « cour de Versailles » (cf. l’excellent film « Ridicule » de Patrice Leconte).
Nourrir ce masque demande de « faire » quelque chose.
Être soi-même invite à arrêter de faire et tourner le regard à l’intérieur pour prendre le pouls de notre vécu, quel qu’il soit. Ce n’est pas une performance, il n’y a rien à faire comme mouvement extérieur, c’est entre soi et soi.
Pour cela, il est précieux de connaître les 3 centres d’intelligence qui sont le socle de l’ennéagramme,le centre :
- mental,
- émotionnel,
- instinctif.
Prendre le temps de notifier ce que nous vivons dans nos 3 centres est la seule façon de se connaître, par une observation directe de notre expérience terrestre.
Il y a toujours de multiples façons de le réaliser. Par l’écriture, par la méditation ou le yoga, par des retraites silencieuses, par le théâtre ou la prise de parole, par la marche en nature…
Quelle que soit la forme que cela prend, la seule façon de se connaître vraiment, c’est cette observation directe.
Chaque instant du quotidien est une occasion pour cela. Que ce soit en faisant la vaisselle, en marchant, en travaillant, pendant une discussion ou en pleine relation sexuelle.
Cette observation directe met de la conscience dans notre expérience et nous amène naturellement à être nous-mêmes. Même si nous montrons le masque social, en être conscients nous fait déjà sortir du mode automatique.
Précisons que cette observation neutre nécessaire à la connaissance de soi n’est pas automatisable. D’ailleurs, elle ne devient jamais une habitude et doit toujours être « activée » consciemment. À force d’y revenir, l’expérience intérieure change totalement, c’est une vie beaucoup plus épanouissante qui émerge.
Il n’est pas question d’éradiquer l’ego pour être soi-même, il fait partie de l’ensemble et il a sa place. Il est juste important qu’il n’ait pas TOUTE la place.
Cela nous rend moins manipulables et plus souverains de notre vie.
À l’ère des réseaux sociaux, se connaître vraiment est un acte révolutionnaire.
Terminons cet article pour vraiment être soi-même par ces mots de l’historien Yuval Noah Harari :
« L’auto-observation n’a jamais été chose aisée, mais elle pourrait devenir plus dure avec le temps. Au fil de l’histoire, les humains ont élaboré sur eux-mêmes des histoires de plus en plus complexes, au point qu’il est devenu toujours plus difficile de savoir qui nous sommes réellement. Ces récits étaient destinés à réunir des foules de gens, à accumuler le pouvoir et à préserver l’harmonie sociale. Ils ont été vitaux pour nourrir des milliards de gens affamés et veiller à ce qu’ils ne se tranchent pas mutuellement la gorge.
Quand ils essayaient de s’observer, les gens découvraient habituellement des histoires toutes faites. Une exploration ouverte était trop dangereuse. Elle menaçait de saper l’ordre social. La technologie s’améliorant, deux choses se produisirent.
Premièrement, avec la lente évolution des couteaux en silex aux missiles nucléaires, il est devenu plus dangereux de déstabiliser l’ordre social.
Deuxièmement, avec la lente évolution des peintures rupestres aux émissions de télévision, il est devenu plus facile de tromper les gens. Dans un proche avenir, les algorithmes pourraient bien porter ce processus à son terme, au point de rendre quasiment impossible d’observer la réalité sur soi-même. Ce sont les algorithmes qui décideront pour nous qui nous sommes et ce que nous devons savoir sur nous. Nous avons encore le choix pour quelques décennies. Si nous faisons l’effort, nous pouvons encore étudier qui nous sommes vraiment. Si nous voulons saisir cette occasion, mieux vaudrait le faire maintenant. »
Par Fabien du site Epanessence.com.