Pour devenir plus zen au quotidien

Comment la calligraphie peut vous rendre plus zen

Note : cet article est un article invité de Roy du blog le dessin, un blog génial si vous voulez apprendre à (bien) dessiner 😉

le calligrapheDe toutes les activités artistiques que j’ai pu essayer, la calligraphie est de loin celle qui m’a fait le plus réfléchir. Je suis dessinateur, et j’avais l’habitude de faire des portraits dans un style très académique. Depuis ma rencontre avec la calligraphie, ma manière de dessiner a énormément évolué. Le plus étonnant est que non seulement cette activité m’a enrichi au niveau du graphisme, mais m’a également fait réfléchir sur mes habitudes de vie.

Il faut savoir que la calligraphie japonaise (puisque c’est d’elle qu’il sera question) est empreinte de la pensée du « zen » ; et comme toute pensée, elle doit imprégner pleinement le pratiquant.

Plus la personne s’en est imprégnée, plus il lui est possible d’abolir les limites entre l’activité ponctuelle de la calligraphie et sa vie quotidienne. Cet article est en fait un raccourci pour permettre de faire bénéficier des enseignements de la calligraphie aux personnes qui n’ont jamais eu l’occasion de découvrir cette activité.

Voici donc 5 enseignements de la calligraphie que j’ai transposé à mon propre quotidien. Considérez ce texte comme un petit guide de développement personnel dont la singularité est d’être né à partir d’une très belle forme d’expression.

1. Adapter sa vitesse

Plus que la « patience », la première vertu de la calligraphie est d’apprendre à « adapter sa vitesse ». Les nouvelles technologies jouent une grande part dans le besoin de vitesse qui habite la majorité de la population de notre époque. On aurait du mal à imaginer des lettres manuscrites rédigées en langage SMS au 18ᵉ siècle. Sanctuaire de Ryotanji Fotos de Fred 1, la calligraphie

Si vous pouvez regarder les calligraphies japonaises ou chinoises, vous verrez qu’il y a des pauses, des ralentissements et d’autres parties où le trait est plus rapide. C’est pour ça que je trouve le travail au pinceau plus intéressant dans le dessin que le crayon. Le pinceau est souple ; l’encre peut montrer un impact en glissant rapidement ou alors couler et se répandre lentement sur la feuille pendant quelques secondes.

Il y a du mouvement, des changements de rythmes plus marqués que ce qu’on peut obtenir avec une pointe sèche. La vie ce n’est pas aller à fond tout le temps, ni d’être toujours à la traîne; mais c’est d’avoir une vitesse adaptée aux évènements. Arriver à maintenir cet équilibre entre « lenteur » et « vitesse » dans la vie fait un bien fou !

 

2. Faire respirer le traitSanctuaire Ise-Jingu Fotos de Fred 2, la calligraphie

Le trait calligraphique respire sur la feuille, est-ce que vous connaissez des calligraphies qui s’étalent sur tout le papier ? Au contraire, tout est espacé, il y a très souvent quelques caractères sur une feuille immense. Imaginez que ce trait ce soit vous, est-ce que vous pouvez vous sentir bien en étant tassé, écrasé, et n’ayant pas d’espace ? C’est la même chose dans la vie. Si vous ne vous ménagez pas un petit instant bien à vous, où vous vous donnez le droit de ne penser qu’à votre personne, vous risquez de saturer.

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Doshin So un maître en arts martiaux et pratiquant de zen a dit « vivez moitié pour vous-même, moitié pour les autres ». Sachez dire « non », apprenez à vous écouter, à déterminer vos priorités et ne pas laisser les autres empiéter sur elles. Voici mon conseil, chaque jour pendant 1 heure, faites quelque chose qui vous plaît; une chose dont vous tirerez du plaisir, sans penser aux autres.

 

3. Prendre conscience de son état d’esprit du momentMakiko Takei de François Planche

L’avantage, c’est qu’avec de la pratique, vous pouvez visuellement voir votre humeur durant vos exercices calligraphiques. Vous pouvez, si vous avez beaucoup d’expérience, ressentir s’il y a des tensions dans votre trait, signes des préoccupations qui vous habitent. Vous pouvez avoir un geste nerveux ou posé, être dans la retenue ou dans l’ampleur, ce qui compte, c’est d’être conscient de votre état d’esprit. Si vous y faites attention, vous pouvez la transcrire sur le papier, et en l’observant, vous pourrez choisir de le modifier. Les textes de Ryokan sont un bel exemple de sérénité, les signes sont tracés avec beaucoup de soins, les mouvements du pinceau sont discrets et tout est espacé avec une élégante régularité.

Un autre exemple simple. Observez votre écriture lorsque vous rédigez un mot ou une liste à un moment où vous êtes pressé. Est-ce que les lettres ont la même forme que d’habitude ? Non elles sont plus amples, plus envolées, moins contrôlées et pleines de votre énergie.

Si vous avez influencé les caractères avec votre état d’esprit, l’inverse est possible. L’écriture minutieuse et lente des signes vous apportera de la sérénité. Je parle ici de la calligraphie, mais il existe d’autres activités pour cultiver une tranquillité intérieure, la méditation par exemple ou le jardinage, la marche, le chi-kong… Regardez ce que vous préférez.

4. Découvrez les trésors cachés de votre personnalitécalligraphie zhou cong de mia_cath

Une étape de l’apprentissage où beaucoup de gens abandonnent est simplement l’instant où il faut pratiquer une répétition inlassable d’un même exercice. C’est naturel, on se sent un peu idiot à reproduire un millier de fois le même geste. Le maître calligraphe de Fabienne Verdier (une peintre-calligraphe exceptionnelle) l’a obligé à tracer des simples traits au pinceau pendant plusieurs mois au début de son apprentissage.

Sachez tout de même que cette manière rude d’apprendre permet de dépasser le geste afin qu’il devienne « habituel ». Cette forme d’entraînement permet de révéler les ressources psychiques et énergétiques cachées de la personne. Ceci n’est possible qu’en éprouvant notre mental. L’exercice de la copie de textes anciens permet également aux apprentis calligraphes de s’imprégner des qualités artistiques et morales de leurs auteurs.

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Ainsi, vous progresserez dans un premier temps en copiant ceux qui sont les références de votre domaine. Puis, une fois ses bases acquises, détachez-vous-en pour atteindre votre propre forme d’expression, unique et inimitable. Réfléchissez-y et vous verrez que c’est un principe qui s’applique à énormément d’activités.

 

5. Pour finir… Vous avez le droit d’être fier de vous

Si vous dessinez un portrait, arriver à un résultat qui vous satisfait vous rendra fier. Créer de beaux signes avec votre pinceau vous rendra fier également… En général, les activités créatrices sont excellentes pour l’estime et la fierté de soi. J’ai déjà entendu des gens se plaindre de ne faire rien de bien ou d’être inutile. À ceux-là, j’ai donné le conseil de « créer » (un objet, un dessin, une calligraphie, de faire une photo…). Une chose visuelle qui leur ferait éprouver cette fameuse fierté. Et de le faire même si voulait dire demander de l’aide à une personne plus expérimentée pour y arriver.

Si vous suivez mon conseil jusque-là, je vous suggère par la suite de garder cet objet près de vous. Installez-le quelque part où vous pouvez le voir régulièrement et là où d’autres personnes peuvent l’observer (et donc éventuellement vous complimenter, vous voyez où je veux en venir ? ;)) La « fierté de soi » et « l’estime de soi » sont des carburants puissants pour vous aider à réaliser vos objectifs, entretenez-les en créant de belles choses et entourez-vous-en.

Ces cinq enseignements découlent de ma pratique artistique et calligraphique.

Toutefois, je n’aurais jamais pensé à faire ce lien entre vie quotidienne et calligraphie si je n’avais pas lu un jour quelques lignes de Sun Fa. Voici les paroles de ce maître en guise de conclusion à mon article. Je vous encourage à les garder dans un coin de votre mémoire pour y revenir ponctuellement. Développer aussi votre propre interprétation de celles-ci. Ce serait un très beau cadeau que vous me feriez pour cette fin d’année.

« Calligraphier me permet, grâce à mon intention; de créer ma vie et d’en laisser un trace telle qu’elle se reflète en moi. »

« Dans ma vie, la calligraphie m’a appris à respecter les lois mais aussi à m’en affranchir. Elle m’a aussi appris à trouver la liberté car si l’on est trop crispé. On manque de naturel et si on est trop libre, on n’a pas de racines. »

« La calligraphie développe une vision interne de soi même. C’est un langage du cœur et le pinceau est la langue du cœur ».

Maître Sun Fa, artiste martial et calligraphe.

 

Roy du blog le dessin.

 

Crédit photos (dans l’ordre d’apparition)

Roy Pallas

Fotos de Fred “Sanctuaire de Ryotanji” et “Sanctuaire Ise-Jingu”

Mia_cath “calligraphie de zhou cong”

François Planche “Makiko Takei”

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5 commentaires
  1. Merci Olivier d’accueillir un article de Roy qui partage cette vision zen, cette approche de la création, qui permet d’améliorer la vie grâce aux intentions et à la prise de conscience de qui je suis…

  2. Merci pour cet article qui me plonge de nouveau dans la très chère calligraphie japonaise ou chinoise, j’ai un souvenir merveilleux d’avoir pris un cours à Paris où le temps n’existait plus tellement j’étais à mes exercices. Je me suis aussi plongée dans la lecture du roman de Fabienne Verdier, que je recommande tellement ça donne envie de faire de la calligraphie sans forcément partir en chine des années pour l’apprendre, juste y goûter suffit. Ca laisse un goût de sois dans la bouche, un goût d’éternité…

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