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J’ai constaté que les gens intelligents sont très doués pour créer des arguments ultra-persuasifs pour expliquer pourquoi ils ne devraient pas accomplir des tâches qui les effraient en réalité.
La semaine dernière, j’ai travaillé avec une demi-douzaine de personnes intelligentes qui ont développé l’habitude de se convaincre de céder à leur résistance, encore et encore.
Ce sont des gens persuasifs, convaincants, et lorsqu’il s’agit de se convaincre eux-mêmes, ils sont vraiment doués, car il n’y a même pas quelqu’un pour les contredire.
Ils se convainquent donc, quand viennent la peur et la résistance, de ne pas faire ce qu’ils se sont promis de faire la veille. La conséquence, c’est qu’ils ne parviennent pas à tenir leur parole, à tenir les habitudes qu’ils veulent enfin adopter, à faire le travail important et significatif qu’ils ont toujours voulu faire.
La question qui se pose donc est la suivante : comment surmonter les rationalisations personnelles, même quand elles sont ultra-persuasives ? J’ai appris plusieurs choses en travaillant avec ces personnes merveilleuses et intelligentes. Permettez-moi de les partager avec vous.
Partir de votre meilleur état d’esprit
Mike Tyson avait une phrase célèbre qui ressemblait à ceci : « tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’il soit frappé au visage ». Je n’aime pas la violence de cette phrase, mais j’aime le fait qu’elle laisse paraitre la vérité selon laquelle nos meilleurs plans deviennent caducs quand nous sommes confrontés à la peur.
Vous devez donc revoir votre façon de réagir à la peur, afin de ne pas vous effondrer face à elle.
Mais avant cela, il est important de commencer à y penser quand vous êtes dans votre meilleur état d’esprit ou du moins, dans un état d’esprit assez bon. C’est plus utile que de le faire uniquement quand vous êtes en plein dans la résistance, parce qu’à ce moment-là, vous ne ferez que rationaliser pour vous en sortir.
Je considère que vous êtes dans votre meilleur état d’esprit quand vous êtes en mesure d’examiner la situation objectivement et décider de ce que vous devez vraiment faire. Il ne s’agit pas de ce que vous devez faire une fois que vous êtes confronté à l’appel de l’écriture ou de la vente de livres auquel vous résistez. Il ne s’agit pas de ce que vous devez faire quand il fait froid ou quand vous êtes au lit et que le réveil se déclenche dans l’obscurité. On parle de meilleur état d’esprit quand vous pouvez prendre votre décision dans le calme et sans expérimenter de résistance interne.
Qu’est-ce que vous voulez ? Pourquoi cela vous intéresse-t-il ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous et pour les autres ? Quelle importance cela a-t-il pour vous ? Écrivez les réponses à cette question et consultez-les quand vous faites face à la peur, quand la peur vous frappe au visage et que vous voulez fuir.
Trouver vos contre-arguments
Maintenant que vous savez ce que vous voulez et la raison pour laquelle vous le voulez, il est temps de passer à la contre-attaque.
Commencez à dresser la liste des raisons que vous avancez pour ne pas faire ce que vous craignez. Vous pourrez compléter cette liste plus tard quand vous serez inspiré. Mais pour l’instant, énumérez les raisons dont vous vous souvenez.
Trouvez maintenant un bon contre-argument pour chacune de vos rationalisations, même celles qui sont ultra-persuasives. Les rationalisations sont au moins partiellement vraies, c’est pour cette raison qu’elles sont puissantes. Vous devez donc les surmonter avec des vérités encore plus profondes.
Voici quelques exemples :
- Je devrais faire la grasse matinée, j’ai besoin de dormir. Oui, c’est vrai, le sommeil est important, mais cela signifie simplement que vous devez commencer à dormir plus tôt. Vous pouvez vous réveiller aujourd’hui et ressentir une certaine gêne due au manque de sommeil. Ensuite, il vous faudra prendre l’habitude de dormir tôt afin de profiter du nombre d’heures de sommeil dont vous avez besoin pour être plein d’énergie au réveil.
- Pourquoi devrais-je faire cela ? Je suis déjà heureux. C’est vrai, mais céder à ses peurs ne mène pas au bonheur à long terme. De même, le fait de ne pas tenir parole vis-à-vis de soi-même ne favorise pas la confiance en soi. En revanche, lorsque vous accomplissez les choses que vous vous êtes promis d’accomplir, vous expérimentez un bonheur plus permanent.
- Manquer de le faire une seule fois n’est pas un problème. C’est bien un problème, car cela signifie que vous manquez à votre propre parole. Cela vous nuira, car une chose entrainant une autre, vous finirez par créer inévitablement un schéma qui justifie toujours votre inaction. Je sais de quoi je parle parce que c’est l’argument que j’avais l’habitude d’avancer pour continuer de fumer des cigarettes, et cela m’a nui. Regardez les faits en face et demandez-vous si le fait de croire en vos rationalisations ultra-persuasives vous a profité ou non depuis le temps.
- Je suis trop occupé. Oui, vous êtes occupé, mais est-ce que toutes les autres choses que vous faites sont plus importantes que cette tâche que vous fuyez ? Pouvez-vous répondre « oui » avec une certitude absolue à cette question ? Hier, vous disiez déjà que cette tâche (que vous fuyez aujourd’hui) était plus importante que les autres. Je vous propose de ne pas renégocier tout de suite avec vous-même les « clauses de pertinence de la tâche » et de le faire uniquement quand vous êtes au mieux de votre forme pour redéfinir vos priorités.
Ce ne sont là que quelques exemples courants, vous pouvez probablement en rajouter quelques-uns. Pour ce faire, faites attention à ce que vous vous direz la prochaine fois que vous essaierez de remettre à plus tard une chose importante, et notez les rationalisations ultra-persuasives qui vous viendront à l’esprit.
Qu’est-ce qui vous convaincrait de ne pas croire à vos rationalisations ? Mettez cela par écrit, et ayez-y recours quand vous serez face à ces rationalisations.
S’entrainer pour gérer la résistance
C’est bien d’avoir des contre-arguments, mais que ferez-vous quand la peur vous frappera au visage ?
Vous devez vous entrainer intentionnellement, tous les jours, afin de vous aguerrir pour surmonter la résistance et ne pas vous effondrer lorsque vous êtes frappé par la peur.
En bref, voici en quoi consiste cet entrainement :
1. Fixez-vous un horaire pour l’entrainement et engagez-vous à vous entrainer chaque jour à ce moment précis.
2. Choisissez une tâche que vous allez accomplir pendant ce temps d’entrainement — de préférence une tâche qui suscitera en vous une certaine résistance. Choisissez-la la veille.
3. Faites seulement une petite partie de cette tâche. Si vous voulez écrire un livre, par exemple, consacrez-y seulement 10 à 20 minutes (en fonction de la difficulté que cela représente pour vous). Ne rendez pas les choses follement difficiles au début.
4. Remarquez ce qui se passe quand vient le moment de vous entrainer — que faites-vous ? Quelles sont les rationalisations ultra-persuasives qui montent à votre esprit ? Vers quels conforts vous tournez-vous ? Quelles sont les plaintes qui montent à votre esprit ? Remarquez-les simplement, sans porter de jugement.
5. Conservez un instant cette peur et cette résistance. Contentez-vous de les remarquer et de rester avec elles. Ne soyez pas pressé. Contentez-vous de ressentir cette peur et cette résistance pendant un instant. C’est un entrainement, pas une course.
6. Voyez si l’un de vos contre-arguments fonctionne. Rappelez-vous pourquoi cette tâche spécifique est importante.
7. Laissez-vous motiver par l’amour — en quoi est-ce que le fait d’accomplir cette tâche est un acte bienveillant pour vous-même et pour les autres ? Quelle est l’importance de cet amour ? Pouvez-vous vous autoriser à ressentir de l’amour et de la compassion en ce moment même, pour vous-même et pour les autres ?
8. Essayez d’accomplir la tâche, ne serait-ce que pendant une minute. Voyez si vous pouvez vous concentrer sur cette tâche pendant une minute ou même 10 secondes. C’est une ouverture. Demain, faites-en un peu plus si possible, ou au moins la même quantité.
Un entrainement quotidien vous aidera à en finir avec l’envie de fuir les tâches. Les rationalisations ultra-persuasives perdront de leur puissance avec le temps, car la peur aura de moins en moins d’emprise sur vous.
Article original écrit par Léo Babauta.
Pour compléter cet article, je vous invite à regarder la vidéo suivante dans laquelle je partage avec ma méthode pour prendre des notes (souvenez-vous, on a parlé de prise de notes plus haut). Si cela peut paraitre simple comme exercice, ce n’est pas évident pour tout le monde et je vous invite à voir comment je procède. J’espère que cela vous sera utile.