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Se ressourcer par la plante des pieds

Note : Cet article invité sur La plante des pieds a été rédigé par Gery de Pierpont du blog Into History.La plante des pieds
Qui ne se remémore avec délices ses balades pieds nus sur le sable chaud ? Ou cette moquette angora caressée des orteils… Pour les Orientaux, les pieds jouent un rôle très important dans la relation avec la terre qui nous porte, assimilés qu’ils sont à des racines qui puisent dans le sol des énergies porteuses de vie. Une extraordinaire manière de se ressourcer… voire de s’imprégner de fragments d’histoire ! Prêts à tenter l’expérience ?

S’il est une zone de notre corps qui est souvent brimée dans nos sociétés occidentales, c’est bien la plante de nos pieds, tout asphyxiée qu’elle est au fond de chaussures étroites, enserrée dans de grosses chaussettes ou des bas nylon. Rares sont ceux d’entre nous qui laissent leurs orteils entrer librement en contact avec le sol plus de quelques minutes par jour. Une sensation pourtant si agréable (quand il n’y a pas d’éclats de verre ou de galets brûlants à redouter), comme on pouvait déjà le lire sur ce blog il y a deux ans (voir l’article « La philosophie des pieds nus » de Léo Babauta, traduit par Olivier Roland).

Pieds sur le parquetLa plante des pieds perçoit la chaleur et le froid, les douceurs et les rugosités, mais elle est aussi spécialement sensible aux différences de relief. Le poids du corps se répartit différemment d’un point à l’autre de la surface plantaire, créant des zones de pression qui varient à chaque instant selon notre position ou nos mouvements. Un grand nombre de « capteurs » y renvoient en continu des informations au cerveau, capitales pour nous permettre de garder notre équilibre et diriger nos pas.

Rétablir le contact avec la terre mère.0-

Ancrage au sol - La plante des piedsDans la tradition orientale, les pieds jouissent d’une vénération particulière. Notamment en Yoga, où plusieurs exercices travaillent leur « ancrage » au sol. Des exercices qu’on pratique debout, pieds nus, idéalement en contact direct avec la terre mère. Comme si le bas de notre corps s’enracinait dans la croûte terrestre.

Pour les adeptes du Yoga en effet, les énergies qui circulent par les pieds nous maintiennent en bonne santé, dans un puissant échange de « prâna » (principe vital du souffle), générateur d’harmonie. Une théorie multimillénaire dont il est possible de percevoir les effets – bien que ceux-ci n’aient pas fait l’objet d’analyses scientifiques approfondies – en plaçant sa conscience dans la zone de contact entre la terre et ses pieds, en visualisant les racines virtuelles qui nous relient au sol nourricier et en dirigeant sa respiration à travers ce canal. C’est dans l’herbe encore humide de rosée matinale que cette communication énergétique se produit le plus efficacement.

Une « mise à la terre », comme le diraient les électriciens, d’autant plus importante que nos semelles de caoutchouc nous isolent totalement de ces énergies vitales. N’oubliez pas, si l’approche orientale de la santé vous inspire, de vous octroyer régulièrement quelques minutes de rééquilibrage ionique en vous déchaussant sur un sol « conducteur », pour quelques respirations profondes et conscientes !

herbe

 

La plante des pieds – Entrer dans un autre âge ?

Tout enthousiasmé par ces exercices de ressourcement (développés durant mes cours de professeur de Yoga), j’ai tenté un jour d’adapter cette pratique à une démarche qui m’est chère : « l’expérimentation historique ». Archéologue de formation, spécialisé dans la restauration et la mise en valeur des monuments anciens, je cultive en effet une passion pour « l’interprétation du patrimoine culturel ». En pratique, j’encourage les amoureux d’histoire à se mettre à l’écoute des vestiges du passé, à faire se raconter les vieilles pierres, celles qui ont vu défiler des générations d’êtres humains.

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Pieds sur le dallageVous n’êtes pas obligés de me croire, mais le contact des pieds nus avec un « sol historique » permet réellement une perception originale du passé. Parce que les édifices anciens conservent dans leur matière même des souvenirs à transmettre. Des souvenirs que l’on capte par nos cinq sens, que l’on décode avec notre intelligence ou qui nous touchent de façon plus intuitive, éveillant des émotions en profondeur. Notre imagination « s’active » une fois reliée par le toucher à un objet d’époque. En particulier si cette communication passe par les pieds, qui ont plus encore que les mains cette capacité à capter les énergies.

 

Entrer dans l’histoire par les pieds nus : mode d’emploi.

La méthode que j’utilise pour me « relier » par les pieds à une autre époque est toute simple. Je vous invite à l’expérimenter lors de votre prochain séjour dans un édifice d’époque :

Sols

Repérez un sol historique, par exemple un vieux parquet, un dallage de pierre poli par les ans ou un carrelage de céramique, voire une cave en terre battue.

Assurez-vous que l’on ne risque pas de vous déranger pendant au moins dix minutes.

Enlevez vos chaussures et vos bas et dressez-vous sur le sol de la pièce, si possible à un ancien endroit de passage (on peut aussi pratiquer cet exercice sur une chaise, si la position debout est inconfortable).

Fermez les yeux et laissez votre corps se détendre, en maintenant juste assez de fermeté dans les épaules, le bas du dos et les jambes pour rester droit.

Basculez le bassin vers l’avant, rentrez un peu le menton, détendez votre visage, relâchez votre mâchoire et laissez vos bras souples le long de votre corps.

Respirez lentement, en prenant la peine de suivre le passage de l’air à travers vos narines.

Une fois calmement installé(e) dans la posture, déconnecté(e) de la réalité, concentrez votre attention sur vos pieds.

Percevez les sensations, sous la voûte plantaire, lorsque vous déplacez tout doucement le poids de votre corps vers l’avant, vers l’arrière, puis sur les côtés.

Tentez de ressentir les inégalités du sol, ses aspérités et ses douceurs, les zones tièdes et celles qui restent fraîches.

Puis progressivement, « ancrez » vos pieds sous la surface du sol, comme si des racines poussaient sous vos talons et sous la base de vos orteils.

« Ouvrez » mentalement le canal que vous venez de créer avec ce fondement historique en y faisant circuler votre respiration : à l’inspiration, visualisez que l’air passe de votre nez à votre ventre puis à vos pieds, avant de plonger dans l’épaisseur du sol ; à l’expiration, laissez remonter au travers de votre corps le flux ionisé de cette couche « archéologique », qui vient combler l’espace laissé vide par le souffle chassé des poumons.

Pour intensifier l’échange, rentrez le ventre à la fin de chaque expiration, comme un piston de pompe aspirante puisant de l’eau au fond d’une nappe phréatique.

Tout doucement, laissez-vous imprégner par cette énergie qui remonte du sol, équilibrant vos propres tensions.

Puis tentez de capter au passage de l’air les sensations qui remontent du passé, les émotions qui naissent en vous (paix, sécurité, trouble, humilité, désarroi, inconnu…).

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Essayez de comprendre pourquoi ces sensations vous habitent, de reconstituer par l’imagination la manière dont se présentaient les lieux, plusieurs générations avant vous. D’où venait la lumière ? L’ambiance était-elle humide ou au contraire sèche ? Planait-il une odeur dans la pièce ?…

Comme si vous étiez les figurants d’un film historique, visualisez les personnages qui habitaient la demeure, suivez-les du regard dans leurs occupations de tous les jours. Étaient-ils chaudement vêtus ? Vous semblent-ils calmes ou inquiets ? Quelle était leur conversation ?

Petit à petit, des images vont jaillir derrière vos paupières closes, des sons résonner en vous. Ces « souvenirs » seront fugaces, puis de plus en plus précis à mesure que vous augmenterez votre capacité de concentration.

Si vous « perdez le contact », revenez en pensée dans la plante de vos pieds. Sentez-y circuler les flux d’énergie, la respiration, les émotions évadées du passé, puis accrochez-vous à l’une d’elles et « prenez-la en photo » dans votre chambre noire intérieure…

Quand vous aurez pris le temps de vous imprégner suffisamment de ces scènes d’un autre temps, fermez en pensée le canal ouvert au bas de vos pieds. Intensifiez progressivement votre respiration. Remuez doucement le bout des doigts, puis vos autres membres et enfin, tout en douceur, ouvrez les yeux…

Pieds sur la pierreConsacrez quelques vraies minutes à cet exercice. L’histoire ne se livre qu’à ceux qui prennent le temps de se mettre à son diapason, de se placer « sur sa longueur d’onde ». Vous ne ressentirez peut-être pas grand-chose la première fois. Mais n’hésitez pas à reprendre cette posture de mise en communication temporelle en d’autres circonstances : on trouve de plus en plus rapidement la bonne fréquence.

 

Autosuggestion ?

Je me dois de préciser ici – sous peine de perdre toute crédibilité à vos yeux – qu’il est évidemment impossible de retourner pour de vrai dans le temps. C’est par l’imagination que ces « scènes du passé » vous viendront en tête et il est vraisemblable que les plus rationnels parmi vous se sentiront peu attirés par ce genre d’expérience. Les sensations qu’elle procure, à la limite du rêve éveillé, seront d’ailleurs différentes d’une personne à l’autre, variant en fonction des connaissances historiques, des références culturelles et des dispositions psychologiques de chacun…

Pieds sur le bois Il n’en reste pas moins que les vestiges d’époques anciennes sont spécialement évocateurs et que cette méthode de « mise en relation » directe, par la plante des pieds, est un très efficace amplificateur à sensations. Il serait dommage de se priver de telles excursions, si dépaysantes, surtout lorsqu’elles s’accompagnent d’un rééquilibrage énergétique bienfaisant.

 

La plante des pieds – À votre tour.

Voilà, vous avez compris pourquoi j’ai décidé de consacrer un site web à ma passion pour les vestiges d’époque propices à l’évasion, en particulier les demeures anciennes dans lesquelles on peut encore « loger dans l’histoire ». Il est évidemment beaucoup plus facile de se livrer à un exercice comme celui que je viens de décrire dans une chambre louée pour la nuit que de se déchausser au milieu d’un musée, d’un monument public ou d’une ancienne église… !

Surtout, racontez-nous ci-dessous les histoires que vous auront inspirées « vos pieds » ! Je ne serais pas étonné qu’un scénariste de film ou un auteur littéraire vienne un jour pêcher quelques idées dans un tel vivier…

Gery de Pierpont du blog Into History.

Crédits Photos : Beau Considine, intoHistory, Dima Lomachevsky, antikainen, intoHistory, intoHistory, intoHistory, intoHistory.

7 commentaires
  1. Bonjour,
    Moi je suis une adepte des pieds nus à la maison,surtout l’été, c’est l’endroit le plus sûr pour être ainsi.
    Cet article m’aide à développer cette habitude qui est vraiment bénéfique pour le corps.
    Pour ceux qui hésitent, je vous invite à essayer.no seulement c’est agréable mais c’est bon pour le santé.
    Merci pour nous avoir partagé ces précieux conseils.

  2. Merci Gery pour cet article. Nos pieds sont souvent négligés et pourtant, ils sont le siège de plus de 7 200 terminaisons nerveuses toutes reliées à des zones précises du corps.
    Si on s’intéresse à la réflexologie plantaire, on peut se représenter la plante du pied comme un corps assis. Toute une carte de zones réflexes y est inscrite. Selon ce principe, chaque partie du corps est représentée par un point réflexe situé au niveau du pied.

    Excellente journée à tous 🙂

    Anne

  3. Merci Anne et Mamy pour votre message aux accents de vécu !
    C’est vrai que si l’on considère les pieds sous l’angle de la réflexologie plantaire, on ne peut être qu’impressionné par l’extraordinaire sensibilité de la plante des pieds… Pourquoi n’accorde-t-on pas plus d’importance à cette zone si hautement irriguée de terminaisons nerveuses ; plus de soin et d’attention à cette partie du corps si généreuse en sensations ?
    Anne, aurais-tu une carte de la géographie des zones réflexes du pied ? On pourrait mettre un lien vers l’illustration, pour enrichir la discussion !
    Bonnes méditations pieds nus, Gery

  4. Salut Olivier,

    J’ai toujours été persuadé que tous les endroits historiques conservent leurs énergies malgré le temps.

    Chez-nous Par exemple, ma grand mère m’interdisait de poser les pieds sur des objets anciens. Vous pouvez à la lecture de cet article imaginer pourquoi.

    Il y a même des espaces dans certains lieux chez nous où il est pratiquement interdit de passer. On raconte que dans ces lieux vivent toujours les esprits du passé.

    ça peut faire sourire mais il n’y a qu’à essayer de sens approcher pour sentir l’énergie que dégagent ces lieux.

    Le silence y joue également un sole clé puisqu’il permet de percevoir rapidement la différence de sensation entre ces lieux et les autres.

    C’est ce qui a fait dire au Poète sénégalais Singor  » Les morts ne sont pas morts. »

    Amicalement,
    Xavier

  5. Merci Xavier pour ton commentaire interpellant.
    Dans la tradition européenne, on parle peu des « esprits du passé », difficilement compatibles avec notre approche rationnelle de l’existence – sauf dans les châteaux écossais ;-). Mais il est bon de se rappeler que l’âme des défunts fait l’objet de nombreuses croyances et de rites de par le monde, notamment en Afrique et en Asie.
    Cependant, il n’est pas nécessaire de croire à la présence des « esprits » pour se laisser émouvoir par des vestiges du passé. Si les vieux édifices nous touchent, c’est aussi, tout simplement, parce qu’ils ont été habités. Parce des hommes et des femmes y ont laissé la marque de leur passage (aménagements, choix artistiques, usures, coups, traces d’outils, retouches…). Parce qu’ils y ont vécu des moments importants de leur existence, parfois faciles à imaginer. Parce que ces espaces d’époque nous enseignent la manière dont on (sur)vivait autrefois. Parce qu’ils éveillent en nous des émotions, esthétiques, intellectuelles, sentimentales, voire psychologiques…
    Le contact des pieds nus avec un sol d’époque est avant tout un « amplificateur à sensations », un stimulant pour l’imagination. Mais je conçois que l’expérience peut mener certaines personnes sensibles dans des ressentis plus troublants. C’est vrai en particulier pour celles qui pratiquent le culte des défunts ou la prière pour le repos des âmes.
    Je n’en ai pas parlé dans l’article car je ne souhaitais pas rentrer dans une discussion ésotérique – qui n’aurait pas sa place sur Habitudes-Zen.

  6. bonsoir ,

    et merci beaucoup Gery pour ce très bel exposé sur nos pieds et comment leur accorder l’attention qu’ils méritent, alors qu’ils nous supportent toute la journée ! alors qu’ils sont les premiers en contact avec le sol le plus souvent et les derniers auxquels notre tête ,à l’autre extrémité pense. Pourtant de notre cœur même, ils ne sont pas séparés.

    En lisant, je n’ai pu m’empêcher de repenser précisément à une scène dans ‘la belle verte » de Coline .Celle où un homme en costume 3 pièces et mocassins dans la rue se fait « déconnecté » ou reconnecté comme on voudra, par notre héroïne, et dont le premier geste libérateur fut de se déchausser en balançant ses mocassins et chaussettes. d’ailleurs dans tout le film , les pieds nus sont à l’honneur de cette connexion énergétique.

    Quant aux lieux chargés d’histoire, sans rentrer dans des considérations ésotérique, il est un fait qu’ils sont « chargés » comme on dit pas seulement intellectuellement des informations du passé , quoi que ces informations en elles-mêmes constituent des traces d’énergie .
    je serai d’avis , en ce sens de bien choisir avec soin le lieu pour cette expérience de rentrer dans l’histoire par les pieds; et de le faire en fonction de la qualité en fréquence des traces…

    Bonne soirée et belle semaine à vous

  7. Merci Marina pour ton super commentaire ! Vivent les pieds nus.
    J’ai entendu parler de « La Belle verte », mais c’est le seul film de Coline Serreau que je n’ai pas encore vu. La bande-annonce est super. Je rattrape vite cette erreur !
    Ton avis sur la perception de l’histoire d’un endroit par la plante des pieds me réjouit. Je ne suis pas ingénieur ni médium (tant mieux), il m’est difficile d’expliquer pourquoi les sites du passé sont si évocateurs. On dirait, comme tu le suggères, que la vie des personnes qui y séjournaient les a en quelque sorte « chargés en énergie ». Pour moi, c’est surtout une question d’activation des sens, de concentration et d’imagination. En tout cas, ce « dialogue » avec les vieux murs et les objets anciens n’est pas étranger à ma vocation d’archéologue et de passeur de patrimoine. Une vraie passion.
    Tiens-nous au courant de tes escapades dans le temps !
    Gery

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