Pour devenir plus zen au quotidien

Comment vivre zen malgré la catastrophe écologique et climatique

Ces dernières années ont été marquées par la multiplication visible des incendies, des sécheresses et des canicules, dans le monde mais aussi en France. Alors qu’on fête les cinquante ans du Rapport Meadows, l’un des premiers rapports ayant réussi à alerter de manière large sur les dangers du changement climatique et de la catastrophe écologique, la prise de conscience du grand public est très récente. Cette prise de conscience, beaucoup l’appellent la « claque écologique ». Dans les semaines et les mois qui la suivent, il peut s’avérer difficile de se remettre à vivre normalement.

Souvent, le premier réflexe après la prise de conscience est d’aller chercher davantage d’informations.Seulement, à la lecture de certains documents, on peut vite s’imaginer vivre avec des cataclysmes permanents, des sécheresses engendrant des famines, des déplacements de population massifs, et des conflits qui découlent de ces situations. De là à parler d’Apocalypse ou de fin du monde, il n’y a qu’un pas, que certains personnages publics n’hésitent pas à franchir.

sécheresse changement climatique arbre

Dans ce contexte, il devient très difficile de se rassurer par soi-même. C’est là que certaines personnes sombrent dans une éco-anxiété profonde, caractérisée par des symptômes anxieux physiques et une perte totale de confiance en l’avenir. 

Alors, comment continuer à vivre zen quand on a pris conscience de la gravité de la situation de cette catastrophe écologique ? On aimerait parfois revenir en arrière, « désapprendre » ce qu’on a compris. Mais ce n’est pas possible. Et heureusement, car il existe des solutions pour continuer à vivre zen et heureux malgré la situation, tout en contribuant à éviter le pire. Voici 5 étapes à franchir pour retrouver sa sérénité face à la catastrophe écologique et climatique.

Cet article invité a été écrit par Floraine Cordier, auteure du blog Eco-insouciance, un blog sur la gestion de l’éco-anxiété et la diminution de l’empreinte carbone individuelle.

1.    Sortir du trop-plein d’émotions négatives

La réaction associée à la prise de conscience écologique est variable selon les individus. Certains se mettront à enrichir leur quotidien d’éco-gestes dans la joie et la bonne humeur. D’autres se lanceront à corps perdu dans l’action. Enfin, certaines personnes vont se sentir submergées par un trop-plein d’émotions négatives et vont ainsi être affectées par l’éco-anxiété.

Lorsqu’on en est là, la première étape est d’accepter de sortir du ressassement des idées noires de cette catastrophe écologique et climatique. Comme l’indique le Dr Alice Desbiolles dans son livre sur l’éco-anxiété [i], « dans quelle mesure le fait que je me sente triste, inquiété ou en colère change-t-il quoi que ce soit à l’évènement qui me taraude ? […] La réponse tombe sous le sens : en rien ».

chagrin écologique

Ensuite, il est indispensable de se reconnecter à soi-même et à son ressenti. Isabelle Béliveau [ii], du collectif Eco-motion, insiste sur le lien très fort entre la reconnaissance de nos émotions et le passage à l’action. « Si vous voulez changer une situation environnementale qui vous préoccupe, intéressez-vous d’abord à ce qui se passe au niveau de vos émotions ».

Si les symptômes anxieux sont très forts,  il est fortement conseillé d’entamer une psychothérapie avec un thérapeute formé à ces questions. Charline Schmerber, une psychologue spécialisée en éco-anxiété, indique que les éco-anxieux qu’elle reçoit en consultation « ont un grand travail à faire sur la question de la mort. […] L’éco-anxiété nous confronte en effet à la question de notre finitude [iii] ».

2.    Retrouver confiance en l’avenir malgré la catastrophe écologique

Souvent, les personnes en situation d’éco-anxiété se retrouvent figées par rapport à un problème qui leur paraît immense et insurmontable. Pour sortir de la paralysie, la première étape consiste à retrouver sa confiance en l’avenir. Mais comment faire face à cette catastrophe écologique et climatique ?

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adaptation changement climatique pluie homme

Tout d’abord, il importe de comprendre que le pire n’est jamais sûr. Les crieurs de fin du monde, les pourvoyeurs d’apocalypse, ont toujours existé. Cependant, la station Mir ne nous est pas tombée sur la tête en l’an 2000 ! N’hésitez donc pas à vous distancier des personnalités les plus négatives et qui ne proposent pas de solution concrète.

Ensuite, il faut retrouver confiance dans la capacité de résilience et d’adaptation de l’être humain. Les Japonais vivent avec des tremblements de terre, des tsunamis, des ouragans d’une extrême violence, et cela des dizaines de fois par an. Ils ont appris à vivre avec le défoulement des éléments naturels. Confrontés à la puissance de la nature et à l’impossibilité de la dompter, ils ont développé toute une philosophie de vie et un rapport à la nature tout particulier [iv].

Point très important, rejoindre des collectifs militants permet de rencontrer des personnes qui partagent les mêmes préoccupations. Il est très rassurant de ne plus se sentir seul à comprendre la situation. Et puis, voir un collectif se mettre en mouvement et décrocher des avancées régulières aura un effet très positif sur le moral.

Enfin, plutôt que de parler de fin DU monde, parlons de fin d’UN monde. Certes, certaines choses vont disparaître, mais d’autres plus belles pourraient apparaître aussi. Après tout, qui sait si la lutte contre le changement climatique ne créera pas un environnement mondial plus coopératif, par exemple ?

3.    Faire de son mieux, une condition nécessaire à l’atteinte de l’éco-insouciance

« Les quatre accords toltèques » [v] est un livre internationalement reconnu pour ses quatre conseils destinés à atteindre le bonheur. L’une des maximes est la suivante : « faites toujours de votre mieux ». Voilà une devise qui pourra devenir un mantra pour vous si vous êtes touché par l’éco-anxiété.

Pour faire de son mieux, la première chose est d’essayer de ne plus aggraver le changement climatique au niveau individuel. On pourra par exemple calculer son empreinte carbone puis suivre un coaching CO2 afin d’atteindre un mode de vie soutenable.

On pourra également rejoindre des actions collectives : associations, politique, pétitions, vote…

Une fois que l’on a fait tout ce qui est dans notre capacité d’action, il ne reste plus qu’à lâcher prise sur ce qui n’est pas de notre responsabilité. Comment se reprocher de n’avoir pas pu changer la situation si l’on a déjà fait tout ce qui était possible à notre échelle ?

faire de son mieux mains terre

Derrière l’éco-anxiété se cache le besoin de maîtriser un futur en perpétuel changement. Lâcher prise sur ce qui n’est pas de notre ressort, c’est tout l’enseignement des stoïciens. « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé; et le courage de changer de qui peut l’être; mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. » disait ainsi Marc-Aurèle [vi].

À l’inverse du besoin de maîtrise, il y a l’insouciance, celle de l’enfant qui ne se pose pas la question de savoir de quoi le futur sera fait. À l’opposé de l’éco-anxiété, il y a donc l’éco-insouciance : le lâcher-prise dans la responsabilité.

4.    Accepter le changement 

Nous avons une tendance naturelle à redouter les changements. Par définition, le stress est « une réponse physiologique de l’organisme aux changements de son environnement [vii] ». Il est donc tentant de vouloir maintenir le monde tel qu’il est aujourd’hui.

En vérité, le monde a toujours énormément évolué. De l’homme des cavernes à l’agriculture, du Moyen-Âge à la révolution des Lumières, de la société préindustrielle à nos jours, toutes les périodes ont connu de grands bouleversements.

accepter le changement climatique

Alors oui, le changement climatique va occasionner des changements. Il va y avoir des feux, des ouragans, des portions d’environnement que nous aimions avant et qui vont disparaître ou se modifier irrémédiablement. Plus nous serons préparés à ces changements, plus nous saurons les accepter.

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La détresse causée par la modification de son environnement a un nom, elle s’appelle la solastalgie. Pour la surmonter, il convient de comprendre que nous sommes dans une période de transition.

Aujourd’hui par exemple, nous regardons avec effroi des forêts entières se consumer dans des incendies interminables. Peut-être que dans 10 ou 20 ans, les moyens de lutte contre les feux de forêt auront été considérablement renforcés et que nous serons capables de les maîtriser en quelques heures.

Accepter d’être dans une période de forte transition nous permettra d’agir pour lancer les chantiers d’adaptation qui permettront à nos enfants d’accueillir les aléas climatiques comme quelque chose de banal.

5.    Se reconnecter au présent et à la nature

Pour arrêter de vivre dans un futur angoissant, toutes les techniques d’ancrage dans le présent seront les bonnes. À l’opposé du divertissement qui ne fournit qu’une distraction temporaire de nos préoccupations, la sagesse orientale nous fournit de nombreux outils pour rester ancré dans le présent, à l’instar du Yoga, de la méditation, des pratiques de respiration.

Mais ce n’est pas tout. Jardiner, repeindre ses volets, cuisiner, sont aussi des activités qui nous ancrent dans le présent.

déconnexion nature éco anxiété

Pour arrêter de se projeter dans un futur où la nature est détruite, il est également important de se mettre fréquemment au contact de la nature. Que ce soit dans son jardin, lors de balade en forêt, au contact des animaux, en plantant une fleur sur son balcon, ou en prenant soin de ses enfants. On se souvient alors que la nature est belle, et que c’est ici et maintenant qu’on peut en profiter.

6.    Trouver le chemin de la joie

Enfin, pour vivre heureux au quotidien, c’est le chemin de la joie qui nous montrera la bonne direction. Cette joie, qui n’est pas le plaisir mais la joie de Spinoza, celle qui est puissante et profonde, celle qui nous fait lever le matin, saura nous guider à travers les épreuves.

joie éco insouciance

Cette joie, on la trouve dans le plaisir de faire bien les choses, dans le contact avec ses proches, dans le lien avec la nature, dans le sens que l’’on donne aux objets et à nos actions.

La joie, c’est aussi l’instrument du partage. Racontez vos vacances géniales à vélo sur les routes françaises et vos amis férus de grands voyages en avion auront envie d’essayer ! Car la joie est communicative. C’est le chemin le plus simple pour embarquer autour de soi dans l’action pour la planète.

Pour les personnes de nature pessimiste, de nombreux livres peuvent aider à cultiver son optimisme au jour le jour [viii], afin d’apprendre à célébrer les victoires grandes et petites, plutôt que de se focaliser sur les défaites. C’est quelque chose de précieux en matière d’éco-anxiété.

Voilà des outils et des propositions concrètes et philosophiques pour permettre de vivre zen et heureux malgré la catastrophe écologique et climatique. Bon chemin vers l’éco-insouciance !

Floraine Cordier, auteure du blog eco-insouciance et coach carbone

Sources :

  • [i] L’éco-anxiété, vivre sereinement dans un monde abîmé, Dr Alice Desbiolles, 2020
  • [ii] Les outils pour mieux naviguer les changements socioécologiques, Isabelle Béliveau, TEDxUdeS
  • [iii] Une psychopraticienne donne 5 conseils à adopter pour lutter contre l’éco-anxiété, FranceTVInfo
  • [iv] Les Japonais, Karyn Poupée, 2008
  • [v] Les quatre accords Toltèques : la voie de la liberté personnelle. Miguel Ruiz, 2005
  • [vi] Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même
  • [vii] Stress aigu, stress chronique, méthodes de gestion du stress chez l’Homme, Planet Vie
  • [viii] Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier, 2018
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